Diffusé lors de la première édition du Festival international du film fantastique d’Avoriaz, Frogs n’a visiblement pas retenu l’attention de son prestigieux jury, composé entre autres de René Clément, Christopher Lee et Alain Robbe-Grillet. La faute, certainement, à son incapacité à peindre l’agressivité croissante des animaux sous les traits d’une révolte écologique et sociale, batraciens et reptiles se vengeant d’aristocrates tarés qui règnent en maître sur un territoire qui ne leur appartient que sur acte notarié. La pollution des eaux, l’absence de conscience écologique et de respect pour l’environnement en constituent la cause, illustrée par photographies interposées lors du générique d’ouverture ; cependant, une fois le reporter intégré à la famille dégénérée, plus rien ne se passe, et le film oscille entre scènes de dialogues inutiles et plans furtifs sur les bêtes, dont la moitié semble issue de documentaires animaliers – en témoignent les changements de lumière, de qualité photographique, de couleur de la flore voire des créatures elles-mêmes… Le réalisateur George McCowan, issu de la série télévisée, peine à unir deux pôles que sa réalisation ne cesse de traiter séparément.
Le crescendo assure pourtant, dans les vingt dernières minutes, une suite d’exécutions assurées par un animal spécifique : le crocodile pour l’un, les serpents pour l’autre, les araignées pour elle, les crapauds pour lui. L’intérêt d’une telle clausule, macabre à souhait, réside moins dans le gore diffus des séquences que dans l’impression qu’enfin les batraciens gouvernent le microcosme naturel : les croassements se font communication, trament quelque chose de dangereux que confirme le comportement agressif des autres bêtes ; belle idée de cinéma, repris onze ans plus tard par le médiocre Belve feroci de Franco Prosperi, que la première heure de long métrage n’aura su plus tôt incarner.