Mesa of lost women (MLW) ne fait pas figure de changement dans l'univers de la science-fiction des années 50. Adoptant la même trame narrative que tant d'autre en faisant compter l'histoire d'un rescapé du désert de la Muerte par lui-même avec des habitants, il s'attache à suivre à la lettre son scénario difficilement compréhensible ou du moins trop peu développé. Il parvient de même à nous corrompre en usant d'un certain nombre de références cinématographique ainsi que de procédés très classiques et dépassés aujourd'hui. Pourtant, compte tenu de son époque, son budget ainsi que sa direction générale, on ne peut que saluer le super travail à référencer Frankenstein, les scientifiques fous à la Docteur Jekyll, à mobiliser l'éternel sujet du droit moral humain sur le monde en plein balbuciement dans les années 50, aborder la thématique de la place de la femme ... Ainsi de suite. Pour autant, comme malheureusement trop de film de SF, MLW souffre et pâtit tout au long de son déploiement d'un manque cruel d'approfondissement. Trop peu de détails se substituent à une histoire loufoque, hors de tout objectif semblable ou compréhensible. On discerne (synthétiquement) ainsi qu'un scientifique pas si fou a créé un sérum permettant de rendre l'humain plus fort. Par le croisement des hormones (pas sûr) des mygales dans le corps d'une humaine, on obtient la définition même d'une veuve noire tentatrice et féroce, tandis que, dans un revers très girlpower pourrait on dire aujourd'hui, les hommes sont simplement transformé en nain car... peu utiles de manière générale et surtout faibles dans le régne des invertébrés... Dans le sens inverse, il permet de générer une création gigantesque, une mygale mutante, mais là encore, les précisions et explications restent à trouver. Au-delà du simple principe de logique que l’on oublie volontiers dans la SF, on ne parvient pas à s'immerger dans un tel travail scientifique tant les explications manques au même titre que la motivation première du chercheur, à savoir envahir le monde ... Pourquoi, quand, pour quoi faire ? Tout est creux et ce n'est pas un montage ou une ellipse d'image qui va nous approfondir le sujet. Petit budget rime bien sûr avec peu de moyens dans les costumes et le décor et on félicite le choix d'avoir tourné en extérieur pour limiter les dépenses. On voit même un beau stéréotype de laboratoire. À priori à ce stade, malgré une prod maladroite et un ensemble scénaristique très décousu, le film fonctionne et captive par son esthétique, surtout quand nos rescapés sont dans la jungle et éliminés progressivement par les abominations scientifiques.
Un problème majeur me donne alors l'occasion d'aborder un sujet que je n'ai jamais pu traiter à savoir la bande son, et de ce fait dézinguer le peu de crédibilité que l'on pouvait donner à MLW. Comme indiqué dans mon titre, le Roi des gitans semble avoir refait surface dans un album composé d'une seule musique d’1H30 et dotée naturellement d'un seul instrument : la guitare sèche. Alors certes, l'aventure se passant au Mexique, une petite gratte peut mettre l'ambiance autour du feu, mais tout au long du film, sans pauses ni transitions logiques avec l'image ... Tout laisse à penser que le réalisateur projeter de mener une expérience sensorielle ... Ou qu'un cache-misère était nécessaire pour brouiller les interminables scènes de dialogues surréalistes... La bande sonore est déterminante et dans le cinéma, on a foncièrement 3 possibilités à citer.
- Ou bien, on décide de ne pas en mettre et il convient de créer une intrigue particulièrement marquante et intense au risque de créer sinon des blancs très gênants et de perdre du rythme.
- Ou bien, on peut en mettre tout le temps tel un Marvel ou un film à pucelle d'amour, permettant de prendre en otage les âmes fragiles pour les obliger à réagir d'une telle manière. C'est souvent la solution la plus simple surtout si vous faite appel à des musiques populaires histoire de mettre dans son panier le spectateur nostalgique " issou les gardiens de la galaxie 1".
- Le mix est la dernière possibilité et reste à priori la meilleure à condition d'obtenir une alchimie forte entre le son et l'image, autrement dit faire du CINÉMA !
Pour autant, face au système, les attentes du spectateur moderne (même élitiste), et le type de film qui est prédominant ces derniers temps, il n'est que très logique de voir un bide complet d'un équivalent à MLW aujourd'hui si cela venait à sortir. On voit bien que malheureusement, la tentative de faire un film complet avec un seul genre d'ambiance énerve (moi premier) et qu'on subit, à notre encontre souvent, les dégâts de l'exposition permanente à la musique, au divertissement immédiat. Qui veut tristesse mettra violon, qui veut l'action boomboom mettra de la techno ou du métal, et qui voudra du silence le couvrira du contenu "fyler" sous la forme de protagonistes parlant de vide. Expérimenter MLW me rappelle à quel point il est nécessaire de voir la qualité d'un film sans le son, à imaginer une scène sans musique, un instant de dialogue dans un scénario clair voir simple, et tenter ainsi de s'émerveiller de pas-grand-chose dans une vraie sincérité. Peu importe que cela soit la mort d'une araignée géante, l'amour viscéral d'une belle blonde, ou la simple expression de la vengeance, MLW me permet juste de me dire que le silence est parfois d'or et que le cinéma muet avait peu être une qualité que l'on a aujourd'hui perdue : ne pas parler pour ne rien dire, ne pas faire ce qui n'est pas nécessaire.