Un 11 novembre, il me semblait presque logique de voir un film traitant de la 1ère Guerre Mondiale, histoire moi aussi de plonger et de penser quelque peu à tous ces pauvres bougres, toutes nationalités confondues, perdre la vie pour quelques chefs à la bêtise inégalée.
Les Croix de bois est certainement l'un des films de qualité traitant de ce sujet. C'est aussi, assez injustement, l'un des moins connus. On doit cette oeuvre à Raymond Bernard, cinéaste français qui est tout aussi injustement tombé dans l'oubli ou presque. Il n'a du moins pas une renommée pareille à certains contemporains de son époque.
C'est d'autant plus dommage car la qualité de la réalisation est d'une modernité déconcertante. Jamais on a l'impression de se retrouver face à un film de 1932, année de sortie aussi d'un chef-d'oeuvre traitant du même sujet, A l'Ouest rien de Nouveau.
Equivalent français du film de Lewis Milestone, l'oeuvre nous plonge dans le quotidien des soldats français durant la 1ère Guerre mondiale. Le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est très bien fait, d'autant que Bernard s'entoure de personnes qui ont fait cette guerre et qui en portent, sûrement encore, de douloureux stigmates.
La dureté est bien mise en avant notamment la longueur des combats et des bombardements qui taperaient presque sur les nerfs du spectateur, histoire de bien lui faire comprendre aussi l'enfer psychologique qu'était la guerre. Ces bombardements incessants qui usent, les plaintes des soldats abandonnés et mourant dans le No Man's Land, le risque à tout moment de se prendre une balle.
Bref, c'est une véritable plongée en enfer. Servi par des comédiens non-professionnels (cela se ressent parfois un peu) et surtout une réalisation remarquables (à travers des fondus, le plan d'ouverture, la tension psychologique finale, etc.), les Croix de Bois mérite clairement qu'on s'attache à cette oeuvre profondément humaine.