Un bijou de comédie

Les Déguns semble être l’une des nouvelles franchises du cinéma hexagonal. Après un premier succès en 2018, une suite est mise en chantier et sort 5 ans après dans les salles pendant la période estivale dominée par le duel Barbie/Oppenheimer dans laquelle il est bien difficile d’exister. Décidément, la comédie française regorge de surprises, capable du pire comme du meilleur, elle est souvent moquée mais ne laisse pas insensible. Les Déguns n’est pas un projet qui sort de nulle part puisque l’on retrouve un duo d’acteurs qui a fait ses preuves avec une web-série qui ne cessera de gagner en popularité. Il n’est donc pas étonnant que ce succès se concrétise par un projet de long-métrage au cinéma. Cependant, le premier volet, bien qu’il ait attiré son public, témoigne d’un niveau exaspérant dans l’humour. Malgré des résultats critiques vraiment faibles, les producteurs vont pourtant accorder leur confiance en lançant un nouvel épisode sur les rails. L’idée est de ne pas se prendre la tête et de garder la recette du prédécesseur. En-dehors de son duo d’acteurs en tête d’affiche, on retrouve également les mêmes artisans derrière la caméra à savoir Cyrille Droux et Claude Zidi Jr. qui sont également à l’écriture. Cette suite repart donc sur les mêmes bases en racontant les aventures des deux acolytes en recherche de succès tout en saupoudrant leur récit à coup d’apparitions de têtes connues issues d’Internet ou de la télévision. Finalement peu de risque à l’horizon, alors évidemment on traîne des pieds en rentrant dans la salle, on souhaiterait croire que cette suite fera mieux que son aîné. La curiosité est la seule motivation qui peut nous entraîner à voir ce film. Une curiosité certes malsaine, mais avant de juger, il vaut mieux voir de ses propres yeux. Il faut accepter également de ranger son cerveau de côté pour apprécier ces 1h20 de visionnage. Les Déguns 2 est une expérience à part, un effort qu’on serait presque fier d’avoir accompli d’autant plus que les premiers retours ne rassurent pas et semblent dans la même veine que le premier film. On soupire mais on lève la tête en attendant le lancement du film. On s’accroche à l’espoir que celui-ci soit tellement pathétique qu’il en devient involontairement drôle. L’idée n’est pas de taper sur ce film et plus globalement la comédie française, évidemment on a bien mieux que cette suite et la ressortie actuelle d’Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre confirme un savoir-faire indéniable qui s’égare souvent malheureusement à travers des projets insipides, Les Déguns en font partie. En tout cas, armé d’un optimisme multiplié, on est prêt à prendre la moindre bonne blague comme une petite victoire.

Le film ouvre directement sur son duo de losers en quête de popularité. Pour cela, ils vont utiliser tous les moyens possibles pour accéder à leurs rêves. L’histoire embraye rapidement sur la séquence télé-réalité, vendue dans la bande-annonce, dans laquelle les deux compères vont intégrer une émission, véritable clone des Marseillais sur W9. Dès ce passage, le film confirme toutes nos inquiétudes et tombe dans une platitude exaspérante à coups de blagues qui ne font jamais mouche, les acteurs sont en roue libre totale et semblent ne pas se soucier d’assurer le minimum syndical. On pensait au moins sourire une fois mais on est davantage affligé par ce que l’on voit à écran. Et malheureusement, c’est loin d’être terminé. Après cette tentative synonyme d’échec, notre duo ne va alors décider de se lancer dans la musique. On retrouve encore une fois des caméos, en outre avec la présence d’artistes du milieu avec Soprano ou encore Fianso. Mais il y a aussi des célébrités de la télévision et d’Internet à l’image du premier film. Cette suite se contente uniquement d’enchaîner des sketchs sans aucune cohésion. Au fil des minutes, le constat est terrible, on ne rit jamais, on peine à décrocher un sourire, dans son entreprise de parodie, Les Déguns est bien le film inutile qui laisse pantois. C’est finalement lui qui est une parodie. On sent bien que les deux acteurs sont volontaires mais il est difficile d’adhérer à leur délire, ils semblent bien seuls. On ne parlera pas de mise en scène ou d’identité visuelle, même si les deux réalisateurs ne sont pas des manches avec la caméra, cependant il n’y a aucune originalité. On arrive sur la dernière partie et on attend finalement qu’une chose, la fin du martyr. Et alors qu’on n’y croyait plus, vient le premier sourire vers son dénouement. On l’aura attendu mais cette attente méritait le coup, évidemment cela n’efface pas le reste mais cela prouve que le duo est capable tout de même de faire rire. Mais pour cela, il faut oublier la nullité globale entre humour gras et niaiseries exaspérantes.

Ce Déguns 2 est malheureusement dans la lignée de son aîné, aussi plat et mauvais. On apprécie que le film se termine finalement assez rapidement car le visionnage a presque des allures de torture. Il est difficile de considérer ce projet comme une comédie tant on ne rit quasiment jamais. L’histoire est navrante, les acteurs sont pénibles presque têtes-à-claque, l’humour est gras et affligeant. Il n’y a rien à sauver, même si le film trouve son public, celui-ci ne fait pas du bien à la comédie française. Et malgré nos efforts, on tente bien de le regarder avec un second degré élevé, on ne parvient jamais à adhérer. Même si cette suite trouvera probablement son public, espérons tout de même que les producteurs s’arrêtent là.