Amazon n'est décidément pas en reste face au mastodonte Netflix avec un catalogue cinéma exclusif qui s'étoffe au fil des semaines. On souligne dernièrement l'arrivée du thriller The Voyeurs avec un jeune casting dans lequel on retrouve entre autres l'actrice Sydney Sweeney vue récemment dans la série surprise de l'été White Lotus, Justice Smith entraperçu dans Jurassic World : Fallen Kingdom (2018) ou encore Ben Hardy qui s’est distingué à travers Bohemian Rhapsody (2018) ou encore 6 Underground (2019). Bref, pas mal de têtes connues pour un résultat finalement mi-figue mi-raisin. Le film raconte l’emménagement d'un jeune couple dans un grand apparemment à Montréal. Le premier soir, alors qu’ils s’installent, ils se retrouvent à espionner leurs voisins d’en face en plein ébat. C'est le début d'une curiosité qui va se transformer en obsession notamment pour la jeune femme qui semble frustrée par son quotidien. Les premières minutes n'ont rien d'étonnant, le film prend le temps de mettre en place son intrigue et se contente de reprendre des codes déjà exploités chez certains de ses prédécesseurs dans un registre similaire. Néanmoins, le long-métrage se montre assez divertissant malgré de grosses ficelles scénaristiques pour poursuivre le visionnage. Cependant, au bout d'un certain temps, on ne peut qu'être exaspéré par des décisions souvent ridicules de la part des personnages. Cela a pour résultat de nous sortir régulièrement du film à plusieurs reprises même si on s'accroche comme on peut jusqu’aux révélations finales. Bien évidemment la protagoniste principale va tomber dans une spirale à coups de retournements de situation pas toujours des plus inspirés. Si la première moitié se montrait sans surprise mais un minimum intéressante, la seconde enchaîne les erreurs et les tentatives grossières avec une volonté de rallonger inutilement son histoire. En effet, plusieurs séquences viennent alourdir le récit et n'apportent pas grand-chose si ce n'est une indifférence grandissante envers les personnages qui manquent cruellement de moral. On ne s'attache pas à eux et pire ils sont à la limite du supportable. L'écriture en est la principale cause, on a le sentiment que les auteurs se sont contentés du minimum sans se donner la peine de creuser davantage ses personnages. Le film respire trop le malsain et ce n'est pas sa conclusion qui changera la donne, bien au contraire. Celui-ci tente vainement de nous surprendre mais on y croit pas une seconde avec un acheminement tiré par les cheveux. par conséquent on adhère que très rarement à ce que l'on voit à l'écran. C'est toujours forcé et les choix narratifs sont de plus en plus pathétiques au fur et à mesure qu'on avance dans l'intrigue. Si Ben Hardy nous livre une prestation honorable dans le rôle du voisin étrange épié, son jeu manque clairement de nuance. Mais que dire du couple principal, la caméra insiste trop sur cette jeune femme involontairement pénible interprétée par Sydney Sweeney qui s’isole progressivement dans ses pulsions au risque de délaisser son conjoint, traité de manière bien trop simpliste. Par conséquent, Justice Smith semble peu concerné par le jeu de cet homme, une des victimes de cette écriture fainéante. De plus, on ne croit jamais vraiment à la complicité entre les deux acteurs. Les scénaristes étaient malheureusement en panne d’inspiration sur le sort réservé à ses personnages avec des dialogues quelque peu idiots. C’est d’autant plus dommage que la mise en scène, si elle ne nous éblouit pas par son originalité, est globalement efficace accompagné d’un rythme sans faille. De ce fait, on ne s’ennuie pas mais on est souvent affligé par les erreurs et facilités commises par le film pour allonger une histoire qui n’en avait pas besoin et du traitement réservé aux personnages. Cette exclusivité Prime Video déçoit dans une volonté de proposer un film beaucoup trop formaté à l'image de son concurrent Netflix. Cependant, le film en devient décevant en oubliant de raconter une histoire cohérente avec des personnages approfondis. Reste le côté suspense qui parvient à nous accrocher jusqu'au bout. Mais c'est loin d'être suffisant pour cette réalisation qui manque d’ambition et se rapproche finalement d’un simple téléfilm.