La France des banlieues

Filmer la France d'en bas est fait quelquefois avec talent, je pense notamment à un air de famille qui demeure théâtral, mais le faire avec autant de conviction salace est très rare. Pour replacer le contexte, il convient de se rappeler mai 68.

Familles contre familles, hommes avec femmes

Voici donc trois familles qui se côtoient, se tolèrent sans s'apprécier, mais emploient le même langage ordurier, celui qu'elles comprennent depuis tout petit puisque c'est le seul que tout le monde connaît. Pourtant les filles semblent savoir s'en défaire lorsqu'il le faut, pas les hommes qui demeurent rustres et orduriers. Ces dames sont donc montrées comme étant condamnées à vivre avec bien qu'elles soient les seules à vouloir s'en dépêtrer...

Une révolution sans le peuple, encore une

Le contexte de mai 68 est soit présent soit suggéré soit affiché. Mais l'ensemble du film montre une France qui ne participe pas à cette mascarade de l'entre-soi, à l'instar de celle de 1789 menée par la bourgeoisie aisée. Ici ce sont les enfants de ces bourgeois, qui se présentent de Gôche comme ils disent, qui réclament leur part de gâteau. Mais les trois familles sont bien trop loin de Paris et trop occupées à magouiller, noyer leur misère dans la gnôle, vociférer après les communistes dont fait partie toute la classe politique aux yeux du Daron, chercher l'Amour d'une belle, se chamailler avec une Police désabusée et se mettre sur la tronche accessoirement. Ici on ne vit pas, on survit dans la crasse, les moqueries mutuelles pour savoir qui sera le moins laid et le langage grossier.

Un scénario banal porté par des acteurs bien dirigés

A bien regarder le film, le scénario demeure assez banal. Mais porté par des acteurs parfaitement dirigés, à l'exception de Fabienne Babe franchement nulle à réciter son texte, il devient vivant et amusant. Par moment les acteurs se retiennent d'exploser de rire avec peine, mais Victor Lanoux comme bien d'autres signent une véritable performance, et José Garcia, que je n'apprécie absolument pas, probablement son meilleur et seul bon rôle peut-être inspiré par DiCaprio dans Gilbert Grape.

Un film a voir si vous arrivez à supporter les gros-mots permanents, sans lesquels le film n'existerait pas, tout comme les films d'action US ne savent pas exister sans coup de feu.