Après le nombre tout de même sidérant de dix films sur le sujet (dont déjà un remake en 2009), avait-on encore besoin d'une énième itération de la nouvelle "Les Enfants du Maïs" en 2023 ? La réponse est non mais, avec la surabondance des adaptations de Stephen King de ces dernières années, "Celui qui règne sur les sillons" et ses marmots turbulents se devaient de repasser une tête un jour ou l'autre pour jauger de leur potentiel à ramasser encore quelques liasses de dollars contre des épis de maïs.

Ayant pris la poussière sur des étagères durant trois ans depuis sa présentation en festival en 2020 (ce qui n'est jamais bon signe), "Children of the Corn" next gen débarque donc sur Shudder et fait par la même occasion réapparaître le nom de Kurt Wimmer, le réalisateur d'un "Ultraviolet" que tout le monde préfère oublier, à la tête d'un long-métrage (ce qui est encore moins un bon signe). Et ça ne manque évidemment pas : cette espèce de reboot/prequel ou nouvelle adaptation 2023 du matériau d'origine (au choix), chargée de remettre à jour les fondamentaux de la franchise, donne envie de transformer tous les champs de maïs de la planète en un immense seau de pop-corn par sa médiocrité !

En se focalisant sur la prise de pouvoir des enfants sur la communauté d'adultes de leur petite ville, "Children of the Corn" laisse pourtant entrevoir de bonnes intentions. Il tente de coller à des thématiques plus contemporaines que ses prédécesseurs, assimilant bien plus frontalement le sort de la progéniture des alentours aux cultures ancestrales que les adultes préfèrent tronquer/abandonner au profit de leur cupidité égoïste (exacerbée par l'argent de multinationales), le discours autour d'enfants sacrifiés par la génération précédente prend bien sûr ici une toute autre ampleur dans le contexte climatique actuel et le film s'essaie même dans ses prémices à donner une explication possiblement rationnelle aux événements surnaturelles qui vont entourer le culte de ces enfants pressés d'assurer la survie. Bref, si l'on en restait à ses seules intentions, "Children of the Corn" pourrait prétendre à plus mais son exécution ne va absolument rien pouvoir en tirer.

On pourra peut-être mettre au crédit de Kurt Wimmer de faire vraiment entrer l'imagerie habituelle de la franchise dans des canons esthétiques plus propres au XXIème siècle mais, à part ça, on ne voit pas grand chose à sauver. Le prologue est déjà en lui-même la caricature de la caricature de tout ce que le film va être, avec son massacre improbable qui pose les adultes en êtres irresponsables de la manière la plus ridicule qu'il soit (comment personne ne peut être puni pour un tel acte, médiatisé de surcroît, bon sang ?!). Et ce n'est que le début, entre ces enfants qui vrillent à l'excès sous l'influence d'une petite peste déterminée comme pas permis (reconnaissons que la jeune Kate Moyer assure le spectacle !), une héroïne horriblement passive occupant son temps à faire des têtes d'agneau éberlué quand elle ne livre pas les clés de la ville aux petites têtes blondes sur un plateau grâce à ses idées stupides, et des adultes tellement présentés en roue libre que l'on en vient à se demander comment ils sont parvenus à vivre sans se cogner dans les murs de leur propre ville jusqu'ici, rien ne tient debout dans le monde de ce "Children of the Corn" ! Et, comme son cheminement est prévisible de A à Z pour peu que vous soyez un minimum familiers avec cet univers, le film de Kurt Wimmer n'a aucune véritable surprise à offrir, sinon du vent plein de pesticides autour de quelques séquences d'exécutions inégales chargées de montrer le passage à l'acte violent des enfants avant le surgissement du fantastique sur lequel le film tente de nous faire douter (une noble initiative... s'il ne l'avait pas introduit à l'image dès le début) et son inévitable affrontement final qui devrait avoir plein de "pop pop pop" en guise de bruitages (où l'héroïne se décide enfin d'avoir une fonction soit dit en passant). Il valait peut-être d'ailleurs mieux rester plus discret du côté de ce qui se cache dans les champs de maïs tant sa représentation à l'écran ressemble à un Groot tombé dans une cuve d'engrais pour mauvais CGI.

Pas besoin d'en dire plus, vous l'aurez compris, ne vous infligez pas cette relecture supplémentaire et inutile de "Children of the Corn", faites-le pour vos enfants, leur avenir ne mérite pas d'être habité par une nouvelle suite, surtout au vu du catastrophique épilogue.

RedArrow
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le 23 mars 2023

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