Encensé, critiqué, descendu dans l'inconscient collectif de par ses suites de piètre qualité, Jaws demeure un grand film. Premier gros film de cinéma de Steven Spielberg, on y suit les aventures du chef de la police d'une petite station balnéaire qui se voit attaquée par un grand requin blanc à l'approche de la fête nationale et ouverture de la haute saison. Le maire ne veut pas faire fermer les plage, il y a des morts…tout le monde en prend pour son grade, du coup, on part à la chasse au requin!
Les Dents de la Mer est un grand film. Un scénario maitrisé et minutieux, une mise en scène au parti pris audacieux, des effets spéciaux…Tiens, parlons en maintenant. On entend souvent: "Les Dents de la Mer…ah, ouais! Avec le requin en plastique!", à ce genre de phrase, j'ai envie de répondre: "Avons-nous vu le même film?" On connait tous les déboires de la production avec le Requin mécanique qui ne fonctionnait pas, Spielberg a donc eu la bonne idée de le montrer au minimum, mais excusez moi, quand on le voit à la fin, il fait pas très plastique, il est même bien foutu. Un vrai requin blanc, c'est à peu près pareil, ça n'a pas l'air très "vivante" comme bestiole…Bref, les effets spéciaux de QUALITE! (Vous verrez qu'un jour, on nous dira: "Jurassic Park…ah, ouais! Avec les Dinosaures en carton!" non mais!)
Empruntant au film catastrophe (genre désuet très en vogue à l'époque) Jaws le ré-invente pour créer une oeuvre irréprochable. Les personnages s'avèrent faillibles et intéressants, ce ne sont pas des héros. Le véritable héros, ce sont eux trois réunis, ils y combinent Courage, Force Physique et Intelligence, pour s'allier face à une menace des plus naturelles, le prédateur.
La Mise en scène de Spielberg est maligne et prenante. Jouer sur le point de vue du requin, ça peut paraître anodin aujourd'hui, mais c'était un sacré coup de génie. De même que le hors-champ mis à contribution faute de moyens techniques. On se souvient de quelques plans incroyables, comme ce travelling compensé sur Roy Scheider, ou ce travelling tout court, suivant le même acteur sur la plage, accourant vers la catastrophe, les séquences de panique sur la plage…Et certaines séquences, moins impressionnantes, restent mémorables, comme cette conversations entre Scheider, Dreyfuss et Shaw, qui passe de la beuverie comique au récit du naufrage de l'USS Indianapolis. Un sacré film en somme, doté d'une bande originale des plus marquantes, deuxième collaboration de Williams et Spielberg…
Premier (d'une longue série) de chef-d'oeuvres, Spielberg signe un grand film, qui mis à part les costumes et éléments contemporains, n'a pas pris une ride.