Evidemment, dans un cycle Epouvante / Horreur, ce film est presque un passage obligé. Une sorte de croisée entre l'avant et l'après.


La croisée des genres

Le premier élément que je retiens, c'est que la force de ce film, c'est que Spielberg ne joue pas que sur le registre de l'horreur. Il est là, certes, et dès le début. Mais, il choisit d'être aussi classé dans la catégorie "film d'aventures", et notamment sur la dernière partie, la chasse au requin par les trois hommes. On est sur un bateau, à mi-chemin entre une quête à la Moby Dick, la découverte de soi et de l'autre, le buddy movies, et la recherche d'une voie sur l'étendue océanique. Et, c'est la première fois que ça me frappe : on connaît la célèbre musique sur 2 notes de John Williams pour signifier l'approche du danger, mais au début de cette dernière partie, le style musical accentue plus l'effet aventure que l'effet horreur.


La galère et le requin


Tout est galère ou requin, dans ce film. Le bateau, évidemment, c'est une galère, l'équipage des 3 bonhommes plus ou moins bien assortis, c'est une galère, ce p.... de requin, c'est une galère, la bande de requins qui sont restés sur la plage (le maire et ses amis professionnels du tourisme), c'est une galère. Rien ne va. Et ça tombe bien (enfin, j'me comprends), parce que pour avoir lu Le nouvel Hollywood de Biskind, le film aussi a été une galère. Avec un requin mécanique complètement bidon, il a fallu inventer des effets spéciaux de fortune pour que l'effet fonctionne.


De la suggestion à la réalité de l'horreur


Ce film a su embarquer tous les fils de l'horreur tout en en créant d'autres. Le danger commence par être suggéré en mode l'Etrange créature du lac noir : une gracieuse naïade dans l'eau prise de vue sous-marine, on voit ses jambes et l'océan. Et la musique de Johnny W, bien sûr. Ca suffit. On sait que ça va moyennement rigoler. Mais l'horreur, elle vient de l'horreur économique, bien sûr, celle qui force à fermer les yeux sur le danger, parce que, business as usual. Parce que c'est bien aussi, quand le mal, ce n'est pas vraiment le règne animal, mais l'humain, ça donne du sens.

Et puis, cet aileron menaçant qui apparaît et disparaît. Ca paraît simple, mais c'est depuis Spielberg, que ça paraît simple ! Et puis, l'horreur, c'est bien si c'est aussi sanguinolent ! Sinon, nous n'expions pas assez nos péchés ! Et là, c'est bon.


D'aucuns parleront d'un film simpliste, d'autres d'un blockbuster, mais c'est un film à la complexité narrative certes moyenne, mais pas gratuite. Et très réussi quant à l'effet recherché : la peur.



John-Peltier
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Mon anthologie des films d'horreur / épouvante et Les meilleurs films d'horreur

Créée

le 31 mai 2023

Critique lue 16 fois

1 j'aime

John Peltier

Écrit par

Critique lue 16 fois

1

D'autres avis sur Les Dents de la mer

Les Dents de la mer
Sergent_Pepper
9

We’re gonna feed a bigger throat.

Autour de l’île d’Amity, l’eau qui scintille est une promesse universelle de loisir. Pour les étudiants et leurs joints, dont les bains de minuit forgent parmi les plus beaux souvenirs d’une jeunesse...

le 14 sept. 2014

110 j'aime

15

Les Dents de la mer
DjeeVanCleef
10

Derrière la porte (entrou)verte..

La première fois que j'ai vu ce film, crois-moi si tu veux, c'était sur FR3. L’ancêtre de France3. Et ça devait être un jeudi, il me semble. Je l'ai vu, accroupi derrière la porte du salon...

le 11 oct. 2013

90 j'aime

41

Du même critique

The Downward Spiral
John-Peltier
8

Le suicide en un album - acte II

Parce que l'essentiel c'est les 3 points. Pourquoi écouter cet album : 1/ C'est album majeur des années 90, à la fois précurseur, expérimentateur, mais aussi, dans une certaine limite, grand public...

le 15 juil. 2021

8 j'aime

Total Trax
John-Peltier
8

L'érudition au carrfour du cinéma et de la musique

Chez moi (et pourtant on est un peu), je suis le seul à éprouver de l'intérêt pour la musique de film. Il devient alors difficile pour moi d'écouter des podcasts de 3 heures sur de la musique un peu...

le 17 août 2021

7 j'aime

3

We're OK. But We're Lost Anyway
John-Peltier
8

Progressif et surréaliste (mais pas que)

Voilà.A force d'écouter des albums, vieux, pas vieux, on finit par découvrir des artistes qui t'offrent enfin un truc qui parle à ton coeur et ton intelligence.Orchestre tout puissant Marcel Duchamp,...

le 13 oct. 2022

5 j'aime

2