Adaptation du roman du même nom écrit en 1974 par Peter Benchley, réalisé par Steven Spielberg en personne, succès critique et commercial, véritable phénomène cinématographique, considéré comme le premier blockbuster Hollywoodien, Les dents de la mer vous fascinera, vous angoissera, vous glacera le sang par son silence pesant. Bienvenue à Amity island, pire destination où passer ses vacances…


Sensations fortes garanties !


Attention, découverte. Des films de requins, on n’arrive même plus à les compter tant ils sont nombreux. Malheureusement, peu arrivent à rivaliser avec celui dont je vais vous parler. Il était grand temps que je regarde enfin ce film dont tout le monde parlait et qui ne laisse aucun cinéphile indifférent. L’exorciste, Massacre à la tronçonneuse, Halloween et Alien, les années 70, tout comme les années 80 et 90, tiennent une place importante dans le cœur des fans sadiques d’Epouvante-Horreur. Voici venir Les dents de la mer, film que je voulais voir depuis quelques temps mais dont je repoussais sans cesse la projection par peur de déception (alors que je suis grand fan du travail de Spielberg). Plus de peur que de mal. Quel visuel ! Quelle ambiance ! Quel casting ! Quel film ! Les dents de la mer a beau avoir été couronné de succès, sa création aura connue beaucoup de soucis.


Dépassement de budget, retard de tournage, des requins en animatronique fonctionnant mal, menace de mettre fin au projet à cause de ces soucis, grève annoncée par la Screen Actors Guild approchant à grand pas, avant de stresser les spectateurs, Spielberg et son équipe auront eu quelques sueurs froides. Finalement, le film aura beau dépassé son budget et subit un léger retard, le tournage sera bouclé à temps, explosant par ailleurs le box office à sa sortie au cinéma.


Que ce passerait-il si un requin tueur restait près des rivages d’une plage et persistait dans ses attaques ? Les dents de la mer, on pourrait le diviser en deux parties. La première, se situe principalement sur la plage et dans la petite ville accueillante d’Amity. Dans cette première partie alliant enquête, présentation des personnages, suspense, interrogation, stress et horreur, Spielberg, égale à lui-même, utilise sa caméra de toutes les façons possibles pour créer et faire naitre l’angoisse chez les spectateurs. Première attaque du requin pendant la nuit, découverte suggérée du cadavre, un personnage principal écœuré et sous le choc devant l’horreur. C’est là tout le génie des Dents de la mer.


Dans ce film, pendant la première heure et demie, on ne vous montre pratiquement rien. Tout est suggéré, tout se joue soit en reflétant la peur sur le visage des personnages, soit en nous montrant des bouts de corps (comme le coup des doigts de la première victime dépassants d’un tas d’algues et de petits crabes venus se régaler), soit en s’essayant à la v**ue subjective**, comme si nous étions le requin. Quant à la deuxième partie, tout en action, en fun, en stress puissance 10 et en franche camaraderie, elle insistera bien sur le fait que le requin, ce n’est pas un requin ordinaire comme ce requin tigre quelques temps plus tôt capturé et exhibé à la foule par des pêcheurs amateurs persuadés d’avoir choppé ce tueur sanguinaire sévissant le long des plages. Le vrai tueur, c’est un requin ressemblant à un véritable monstre.



« Je le répète, ce n'est pas un accident dû à un bateau, ni à une
hélice, ni à un récif de corail, ni à Jack l'éventreur non plus. C'est
dû à un requin. »



Le film qui vous fera craindre l’eau


Le pouvoir de la suggestion, l’ambiance immersive, la photographie laissant sans voix et rendant la peur et l’horreur aussi belles que l’île d’Amity, c’est là l’une des empreintes marquantes que laissera Spielberg dans ce film et dans le monde du cinéma. Et dire que le réalisateur réitèrera cette ambiance/expérience avec son Jurassic Park. Le requin des Dents de la mer, c’est lui la star. Et, comme toute star qui se respecte, il fait sa starlette, aime se faire désirer, joue avec nos nerfs et notre envie de le découvrir en chair et en nageoire. Résultat, il obtient ce qu’il souhaite : il est au centre de toutes les discussions et les préoccupations, il a même sa propre musique chaque fois qu’il apparait. Et en plus, cette musique, elle est signée John Williams. On sait juste que ce requin, c’est lui le tueur intelligent rodant dans les eaux de l’ile d’Amity, mangeant femmes, hommes, enfants et chiens (ouai encore cet acharnement sur ces pauvres bêtes).


Alors, tout comme Spielberg nous induisant en erreur en nous faisant croire qu’on va le voir apparaitre (jeu d’ombre dans l’eau nous montrant en fait que…c’était un pépé qui barbotait), le requin, comme le xénomorphe d’Alien, il s’amuse, comme s’il était un être surnaturel, un être invisible et invincible instaurant la peur dans une ville touristique plutôt tranquille. Quelques fois, il laisse entrevoir au spectateur un petit aileron au passage, histoire de faire plaisir MAIS, il attendra le dernier moment : la fin du film, pour montrer son gabarit et son joli minois. Et quand il y a une histoire d’argent, le requin cède sa place aux humains cupides ne se préoccupant pas du plus important : leur sécurité et celles de leurs congénères. Il n’y a alors pas qu’un seul prédateur mais deux : le requin et l’homme.


De son coté, Brody, notre héros bon père, bon mari, bon flic, type généreux et au comportement exemplaire, atteint d’aquaphobie ( le comble pour un flic bossant dans une station balnéaire), continue son enquête, lit des tonnes de bouquins (avec les illustrations, on augmente la terreur), fait la connaissance d’un biologiste d’un institut océanographique et carrément d’un chasseur de requins exposant sur les murs de sa maison les mâchoires des proies qu’il a zigouillé. Plus on en apprend, moins on a envie de voir la bestiole. N’oublions pas que dans ce film, le grand requin blanc symbolise destruction, chaos et peur. Quint, le chasseur de requin ira même jusqu’à qualifier leurs yeux « d’yeux de poupée ». A croire que cet animal est sans vie.


C’est l’histoire de trois mecs sur un bateau…


Et pendant ce temps, Spielberg, continue à jouer sur nos nerfs à coup de jeux de silences de mort aussi terrifiants et impressionnants que ceux du premier Alien (encore lui), tout en nous montrant quelques fois des baigneurs se débattant dans l’eau, puis disparaissant, laissant leur place à une mare de sang. D’autres fois, on gâte les amateurs de gore en leur montrant des membres arrachés. Très peu de morts mais elles marquent. Quant aux musiques, elles ne sont utilisées que lorsque le requin approche, qu’il attaque, ou lors de moments plus tranquilles.


Film d’horreur oblige, on aurait cru qu’on prendrait plaisir à voir tout le monde trépasser. Et bien non, il ne faut pas croire que nous n’éprouverons pas d’empathie pour nos protagonistes. Tout du moins, le trio Brody, Hooper, Quint. A mesure où nous avancerons dans l’intrigue, ces personnages révèleront leur vraie nature. Ainsi, cette brute machiste de Quint, Hooper le scientifique sympathique fougueux et Brody le père de famille mature, développeront plus de profondeur, balayant les aprioris que le spectateur aura pu avoir depuis le début du film. Absence totale de temps mort, aucune baisse de suspense, Les dents de la mer réussira même l’exploit d’ajouter quelques touches humoristiques équilibrées en enchainant direct par une scène de tension histoire de ne pas virer à la comédie noire. N’oublions pas pour autant l’accentuation de courage et de stupidité humaine. Deux choses qu’on peut trouver sous l’eau.



« On va avoir besoin d’un plus gros bateau. »



Au final, pur chef d’œuvre jouissif à l’action efficace, un thriller effrayant fonctionnant grâce à l’humanisation de ces protagonistes, du jeu authentique et charismatique de son casting, le tout assaisonné d’une réalisation, de plans subjectifs, de plans contemplatifs, de tension progressive, de musique, de bande son et d’animatronique de génie. A la fois terrifiant, marquant et fascinant. Je confirme : « Les dents de la mer » c’est culte et ça n’a pas mal vieillit. Perso, pour moi maintenant, ça sera piscine.

Jay77
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le 2 sept. 2017

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