Dès son troisième long-métrage et malgré l'échec commercial du précédent (Sugarland Express), Spielberg bénéfie d'un beau budget pour réaliser ce film de terreur animale qui a marqué profondément les esprits de ceux qui ont pu le visionner à l'époque de sa sortie. Etonnamment classé "enfants admis" à l'époque, je me souviens l'avoir vu pour la première fois dans une salle de village, c'était en 76 et j'avais 10 ans. Un choc! Ce film a été tellement vu et a eu un tel impact que plus personne n'osait aller se baigner dans la mer, même dans nos contrées. Gérard Lenorman a même du composer une chanson pour calmer les esprits. Ensuite, je l'ai redécouvert par la télévision, puis la vidéo, le DVD, etc... Je dois l'avoir vu 4 ou 5 fois et malgré le fait que j'en connaisse les répliques et les passages marquants, je prends toujours beaucoup de plaisir à le visionner, tous les 6-7 ans. Cette fois, c'était l'occasion de le regarder avec mes ados (15 et 13 ans) qui ne le connaissaient que de réputation. Nos avis ont été partagés. En ce qui me concerne, je prends beaucoup de plaisir lors des confrontations entre les trois personnages principaux interprétés par Roy Scheider, Robert Shaw et Richard Dreyfuss. Dans le genre "gros bourru sympathique", on a guère trouvé mieux depuis le rôle de Quint interprété par Shaw. Quant aux confrontations entre Quint et l'intellectuel friqué Matt Hooper (Richard Dreyfuss), elles sont savoureuses et très drôles. En ce qui me concerne, je trouve que ce film ne vieillit pas mais le public plus jeune, habitué aux films au rythme beaucoup plus soutenu pourrait s'ennuyer et trouver le film trop lent. principalement, lors des conflits d'intérêt politique développés dans la première partie du film. Il faut dire qu'à cette époque, le public-cible pour faire des entrées ne se situait pas dans la tranche 12-16. Concernant les effets spéciaux, ils sont rares mais efficaces. On notera quelques scènes bien gores pour l'époque (jambe coupée, tête décapitée, main mangée par des crabes, héros dévoré par le requin et crachant du sang) qui firent sensation et le bonheur des futurs amateurs de films d'horreur, dont je fais partie. Spielberg est déjà un virtuose quand il tourne ce film et son sens de l'image et sa générosité sont palpables. Une scène m'a marquée lors de mon dernier visionnage du film: il s'agit d'une scène d'attaque du requin sur la plage fréquentée par les touristes. Lorsque les parents se rendent compte de la présence du requin, ils rentrent tous dans l'eau pour récupérer leurs enfants et reviennent rapidement vers la plage. Au milieu de ce chaos, une dame en maillot se retrouve alors toute seule à marcher dans l'autre sens, les pieds dans l'eau, en appelant en vain son garçon qu'on comprend être une victime du requin. L'empathie ressentie pour cette dame est énorme, on partage immédiatement sa détresse. A mon sens, une des plus belles scènes de panique de l'histoire du cinéma.