Considéré comme le premier blockbuster américain du prodigieux Steven SpielbergLes dents de la mer est une œuvre cinématographique qui a incroyablement marqué les esprits d’une grande génération de cinéphiles. Si on peut dire quelque chose de remarquable chez ce génie talentueux, c’est qu’il maîtrise indéniablement la peur, comme il l’a fait en réalisant le téléfilm Duel, d’une manière à nous ébahir à tout jamais. Il le prouve une fois de plus dans ce long-métrage en remplaçant le camion-citerne par un grand requin blanc qui terroriste des habitants d’un lieu plaisant et estival.


Et comme pour le film Duel, Steven Spielberg sait générer une tension monstrueuse en ne faisant pas grande chose. Il ne crée pas des films qui se classent dans le genre épouvante ou horreur, il crée des longs-métrages qui nous font croire que c’est un film d’horreur que nous visionnons. Pas de jets de sang, pas d’organes éparpillés sur une surface, pas de monstres qui tuent avec acharnement, le cinéaste emploie bien d’autres techniques pour simuler la peur sans qu’on la venir. Et en plus, Steven joue constamment avec nos nerfs rien qu'avec la bande son mythique qui nous frisonne comme un rien, captée par nos oreilles dès le début du film, lors d’une introduction similaire à celle de films policiers en mettant en contexte une jeune femme vivant sa vie en se baignant paisiblement, seule et sans défense.


Rythme infernal, sons terrifiants, composition magistrale, cette musique est amplement suffisante pour nous saisir de stupeur et pour nous annoncer l’approche discrète et furtive du requin. Mais bien entendu ! Steven Spielberg n’allait pas se contenter que de ça. Il aime jouer avec son requin en le faisant manifester maintes fois dans le film, lors de scènes de baignade ou d’activité nautiques qui nous accrochent avec ténacité, sans nous faire savoir à quel moment l'animal vorace va passer à l’attaque. Surtout quand il s’agit d’un environnement auquel les requins n’ont pas l’habitude de s’y aventurer, peut-être même un lieu où les habitants n’envisageraient jamais la possibilité qu’un requin puisse être dans les parages.


C’est avec ce sujet que Steven Spielberg nous surprend, avec un scénario écrit pour faire durer considérablement le suspense et rédigé comme un film policier, dans lequel le personnage principal serait le chef de la police locale et le requin, le criminel choisissant de tuer au hasard et sans laisser le moindre indice pour nous faire prendre connaissance de ses prochaines victimes. Bien que le casting soit composé d’acteurs bien cadrés par le réalisateur tels que Roy Scheider, il est bien évident que la star du film est le requin, un véritable monstre des mers, une cruauté aquatique qui tue sans la moindre retenue. 


Et cet animal est représenté par un animatronique qui nous offre des images d’attaques pétrifiantes, à croire qu’on assiste réellement à des attaques d’un vrai requin, en chair et en or. Il me semble avoir entendu que Steven disposait d’au moins de quatre animatroniques et que certains tombaient en panne ou ne fonctionnaient pas vraiment. Je n’ose bien imaginer à quel point ça doit être pénible de contrôler ces machines pour faire exactement ce qu’ils avaient à faire mais une chose est sûre, le résultat est tout à fait prenant. De la belle mécanique pour animer un poisson agissant brutalement et avec sauvagerie, surtout à la fin du long-métrage où les attaques se multiplient au fur et à mesure pendant le visionnage, avec le bateau et ses trois occupants.


Le rythme peut s’avérer être légèrement lent mais on tient un équilibre raisonnable et juste entre l’investigation de la police sur les meurtres et la présence du requin nageant dans les alentours, avec un suivi fluide des événements et une caméra généralement bien posée pour filmer chaque scène comme cela se fait dans les polars, en cadrant des plans mettent bien en évidence la dangerosité du monstre et la difficulté des humains de le vaincre. Tout cela m’amène à dire que Steven Spielberg est destiné à accomplir une carrière cinématographique de haute valeur car on sent bien son amour-propre du cinéma. 8/10



Interdire la baignade ? mais, vous n'y pensez pas ! Nous sommes en pleine saison touristique !


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