Les Désemparés par busterlewis
Les Désemparés n'est pas un film noir habituel et par certains aspects, il peut faire penser aux comédies romantiques de Douglas Sirk. C'est le rôle de Joan Bennett et le cadre de l'action qui permettent d'établir un tel rapprochement. En effet, Max Ophuls se concentre davantage sur le personnage féminin et sur son quotidien.
Ophuls s'attarde longuement et filme en détail la vie paisible de cette famille bourgeoise. Il décrit avec précision leurs habitudes de vie et insiste sur la tranquillité de leur existence loin de la ville. Ophuls donne aussi la part belle à une femme. Pour un film noir, c'est très rare. Ici, Joan Bennett ne joue pas une femme fatale. Non, elle est une femme ordinaire qui se retrouve piégée et confrontée à quelque chose de tout à fait inhabituelle.
Même la présence de James Mason ne correspond pas aux canons du genre. Il est censé faire chanter le personnage de Bennett mais rentre bientôt dans un rôle de séducteur-protecteur. Mason est parfait pour ce personnage car c'est un acteur dont on hésite toujours à le classer parmi les gentils ou les méchants. C'est un être ambivalent, en témoigne ses rôles dans Une étoile est née ou Bigger than life.
Si l'histoire n'est pas des plus palpitantes, on ne peut qu'apprécier les changements apportés au genre par Ophuls qui donne à voir un film tout à fait unique.