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Il y a toujours quelque chose à sauver dans un John Ford

C'est un western de John Ford que j'ai vu ou revu récemment. Il n'est pas absolument exceptionnel et, bien sûr, il date de plus de soixante ans.

Je voulais n'en rien dire sur le site (par flemme), mais une péripétie du film continue de me travailler et quelque chose me pousse à vous en parler. Car je la trouve remarquable, déchirante.

C'est une scène, longuement mitonnée à l'avance (au cours du film) par le réalisateur. Franchement, elle m'a remué le coeur.

On est à la frontière entre les territoires américains et ceux indiens. Dans un campement blanc, une jeune Américaine blanche (de type WASP : White Anglo-Saxon Protestant), dont le petit frère a été enlevé par les Indiens il y a 12 ans et qui espère toujours le récupérer lors d'un échange ou troc avec les Comanches, se déplace avec une boîte à musique assez luxueuse qu'elle écoute à plusieurs reprises durant le film. C'est tout ce qui lui reste de son jeune frère, à qui la boîte a appartenu. Elle veut absolument le retrouver parce que, lorsqu'il a été enlevé par les Indiens (des Comanches ?), il avait 5 ans, elle 13 et elle en avait la garde, mais quand les Indiens sont brutalement intervenus, elle s'est cachée. Taraudée par le remord, elle le recherche depuis lors.

Et puis les deux personnages principaux du film (joués par James Stewart et Richard Widmark) ramènent, suite à un troc avec le chef Comanche, deux jeunes adultes blancs mais "comanchisés", dont un jeune homme furieux que le chef de sa tribu l'ait désigné comme un jeune Blanc Américain ayant été enlevé des années auparavant, car lui se considère et pense être un pur Comanche, parlant Comanche et ne parlant que ça, etc., un Comanche qui hait les blancs Américains et qui est terrorisé par les visages et les moeurs des Blancs quand il est ramené de force dans leur campement. Et puis il y a une "vieille" femme qui croit le reconnaître comme le fils qui lui a été enlevé, alors qu'il n'avait que deux ans. Lui se demande ce que lui veut cette vieille femme blanche inconnue. Comme c'est un complet "sauvage", il a été attaché à un chariot. Profitant de l'inattention générale, sa supposée mère coupe ses liens et veut le serrer contre elle. Mais le jeune "Comanchisé" prend peur, s'empare du couteau et le lui plonge dans le coeur. Sur quoi il est repris par les hommes blancs du campement, jugé sommairement et condamné à être pendu. Mais tandis qu'on le traîne vers un arbre, dans le brouhaha et charivari général, la boîte à musique (de la jeune femme qui espérait retrouver son petit frère enlevé à l'âge de 5 ans) se déclenche et là, le jeune meurtrier "comanche" se précipite sur la boîte à musique en criant : "Mine ! Mine !" ("C'est à moi !", premier mot américain qu'il prononce et dont il se souvient ou veut se souvenir) et la jeune femme comprend que c'est son petit frère devenu ce "sauvage" meurtrier. Mais saisie, horrifiée, elle ne dit mot et le jeune meurtrier est pendu, parce que la justice des hommes en a décidé ainsi et... qu'il est trop tard, que le garçon est irrécupérable ou jugé tel. La jeune femme, qui avait espéré pendant dix ans retrouver son frère grâce à cette boîte à musique, se contente de briser celle-ci dans une crise de désespoir.

J'ai trouvé cette péripétie très bien imaginée et qu'elle exprimait le profond pessimisme du réalisateur. Il me semble que, même s'il n'y avait qu'elle à sauver de ce western de John Ford (ce qui n'est, bien sûr, pas le cas), elle valait bien que je donne "7" au film et que j'en touche deux mots à la communauté cinéphile.

Fleming
7
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le 17 août 2024

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Fleming

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