Du Joël Séria pur et dur, complètement représentatif d’une Œuvre aussi méconnue qu’indispensable. Auteur provocateur à la plume caustique et généreuse le cinéaste français s’entiche à nouveau de son acteur de prédilection : le truculent Jean-Pierre Marielle, flanqué ici du savoureux et poétique Jean Carmet…
Comédie touchante donnant gentiment l’envie de tailler la route et de voir du pays Les deux crocodiles réserve une petite quantité de répliques tout à fait succulentes, souvent proférées par un Marielle en pleine possession de ses moyens : large d’esprit, un brin malveillant pour finalement s’avérer émouvant et confondant d’humanité le personnage de René Boutancard reste un joyeux délice de médiocrité, jubilatoire et digne d’être peint. On pense inévitablement aux précédents films de Joël Séria – Les Galettes de Pont-Aven et Comme la Lune en tête – et aux premières créations de Bertrand Blier au regard de cette promenade gouleyante : une histoire d’amitié inattendue entre un ancien mafieux et son pigeon, entre l’auguste et le clown triste.
En définitive l’aisance de Marielle et la fragilité lunaire du regretté Jean Carmet promettent de beaux moments de cinéma culte. On retiendra entre autres une scène glauque de mariage reconstitué, une affaire de cassette de pièces d’or évoquant Van Gogh et son pinceau rayonnant ou encore un dénouement totalement grotesque mais qui fonctionne plutôt bien au regard de l’ensemble du pastis. Séria le killer nous livre une fois de plus une franche partie de rigolade teintée d’amertume mais captivante dans sa tendresse. Etonnant !