Malgré l'enthousiasme généralisé de la toile pour le film tant attendu des Suricate, j'étais quant à moi emprunt d'un sentiment mitigé arrivé au bout des "Dissociés".
Alors, entendons-nous bien, j'ai passé un très bon moment et je suis très heureux que ce film existe, ça laisse présager de belles choses pour l'internet français. Je voudrais seulement nuancer l'avis d'apparence unanime des internautes qui le qualifient de "FILM 2 DINGUE MIEU KE HUNGER GAMES SERAISSE LA NOUVEL NOUVEL VAGU OMG".
Premièrement, j'ai du mal à avoir une opinion tranchée pour une raison simple: ce film est incomparable. La mode en France n'est pas à la fiction, et même si quelques auteurs s'y frottent sur Youtube, c'est bien les premiers à faire tenir le tout sur 1H15 (en tout cas pour un public si large: coucou Benzaie). L'exclusivité du support combinée à celle du genre en fait une oeuvre "avant-gardiste" me dépourvoyant de tout moyen de comparaison avec quelque chose de similaire.
L'objectif du film est simple: partir d'une idée farfelue et en faire découler une trame narrative simple et captivante. C'est un procédé qu'ils ont utilisé à de nombreuses reprises pour leurs sketchs, même pour leur court "Fantôme de Merde". Et c'est là où ça coince: le film nous donne constamment l'impression d'être dans un sketch à rallonge, seulement étoffé d'artifices qui n'approfondissent pas l'intrigue/concept mais qui donnent juste le matériau nécéssaire à la construction d'un long. C'est vraiment cette impression que j'ai eue : l'idée peut tenir en 7 minutes, et que permuter l'idée du film avec celle d'un de leurs autres sketchs (à condition d'y ajouter du background et du tenant scénaristique évidemment) aurait donné un résultat similaire.
D'autres choses m'ont fait sortir de cette notion de film. Les figurants et seconds rôles sont exclusivement d'autres vidéastes, du coup je sortais à chaque fois de l'histoire pour me dire: "KYAN EN FACTEUR? HAHA". Une fois c'est marrant et pas trop handicapant, mais quand tout Golden moustache, le palmashow, PV NOVA, Frenchball, Antoine-Daniel, SLG et le reste de la cliqua s'y mettent, ça devient légèrement relou. Le cadre Parisien m'a gêné aussi, ces endroits qu'on a vu, vu et revus dans toutes les vidéos Youtube ont rendu mon évasion au pays merveilleux du cinéma difficile.
Finalement, je suis peut-être déçu du fait que par FILM, je voyais quelque chose de nouveau, que si le support changeait, alors les approches et les thèmes qui font la patte de suricate changeraient aussi. Peut-être que pour faire un film à l'échelle de leur talent, il faudrait plus de moyens histoire de décoller du bitume parisien quotidien. Ils le méritent en tout cas.
Malgré des défauts qui m'en viennent à ne pas considérer cette oeuvre comme un film, elle brasse des questions super intéressantes: identité des genres, égalité des sexes et tout un tas de trucs qu'on pourrait regrouper sous la notion terrifiante de féminisme. Influence "Madmoizelle.com" vous dites?
Enfin, gros big up à Vincent Tirel, t'as un talent hors norme, tu vas cé-per comme on dirait dans le RÂPE-GAMME