Tous les chemins mènent à Rome...

Déçus par les deux premières adaptations de leurs bandes dessinées (dont la deuxième, qu'ils avaient eux-mêmes réalisé), René Goscinny et Albert Uderzo s'attèlent en 1973 à un troisième film animé qui ne sera pas issu des BD mais demeurera une œuvre originale pour le cinéma. Un pari osé, risqué et laborieux à une époque où le cinéma d'animation français n'était pas vraiment au beau fixe. Épaulés par Henri Gruel (réalisateur de nombreux courts-métrages animés) et Pierre Watrin (animateur sur Bonjour Paris) ainsi que par le fidèle Pierre Tchernia au scénario, les deux auteurs vont pourtant mettre en scène l'une des meilleures, si ce n'est la meilleure, aventures du petit Gaulois.

Bien évidemment inspiré par les Douze Travaux d'Hercule, le scénario va entrainer Astérix et Obélix dans une virée inattendue afin de prouver à César qu'ils sont des dieux, sous l'impulsion de ce dernier. Jugés par l'atypique Caius Pupus, les deux Gaulois vont rencontrer des épreuves aussi originales que déjantées à travers un long-métrage souffrant certes de quelques défauts d'animation (les traits crayonnés sont parfois très visibles) mais dans l'ensemble d'une adéquation surprenante. Drôle de bout en bout, au scénario inédit avec en prime des gags cultissimes et de nouveaux personnages hauts en couleurs, Les 12 Travaux d'Astérix donne un sacré coup de fouet aux aventures du Gaulois.

Toujours autant inspirée, parodique et intelligente (bien que contenant quelques incohérences qui ne passent pas inaperçues), l'histoire continue de pasticher les tracas de la bonne chère France avec dans le viseur les établissements administratifs bordéliques, le métro parisien ou encore les réclames télévisuelles, non sans avoir égratigné la Belgique, l'Allemagne et le Brésil. Bien plus irrévérencieux que les précédents (et futurs) albums de la licence, Les 12 Travaux d'Astérix n'hésite également pas à balancer de l'érotisme soft et des séquences semi-horrifiques, comme si Goscinny et Uderzo tentaient le tout pour le tout. En résulte un long-métrage détonant, enjoué et hilarant que l'on connait forcément sur le bout des doigts.