Considéré comme le meilleur directeur photo du monde, Jack Cardiff s'est essayé à la mise en scène et signa une douzaine de films de façon un peu académique, mais se distingua à 2 ou 3 reprises avec le Jeune Cassidy (oeuvre de John Ford, qu'il termina), le Liquidateur, un film d'espionnage assez ambigu, et surtout le Dernier train du Katanga qui décrivait avec une grande vigueur des émeutes violentes en Afrique. Les Drakkars fait partie de ces bons films.
Cardiff était le directeur photo sur les Vikings de Richard Fleischer en 1958, il a certainement eu une envie de replonger dans cette période farouche, et son film lorgne évidemment vers cet indiscutable chef-d'oeuvre, sauf que les Drakkars n'arrive pas à la hauteur du souffle épique du film de Fleischer. Mais ce n'est pas bien grave, car l'aventure est là, c'est même de la grande aventure, avec une mise en scène brillante, de très bonnes scènes (dont une avec un instrument de torture particulièrement épouvantable), un bon casting où Richard Widmark semble s'amuser. D'après lui, le ton du film comportait un aspect peu sérieux et humoristique, c'est peut-être pour ça qu'il n'égale pas les Vikings même si on ne peut s'empêcher de le comparer.
L'aventure cherche avant tout à divertir agréablement et y parvient, en se moquant des erreurs historiques et en proposant même une originalité exotique et un choc de civilisations, en opposant des marins venus du froid à des barbaresques d'Afrique et à un chef Maure à la recherche d'un fabuleux trésor (incarné par un excellent Sidney Poitier). Jack Cardiff se souvient évidemment qu'il est un prestigieux directeur photo, ça se voit car il a le goût des belles images, et notamment dans le traitement de la couleur. Voici donc un joli film d'aventures historiques qui remplit bien l'écran et pas si connu que ça.