Berlin 1933. L'école américaine du professeur Nichols et la Horst Wessel Schule des jeunesses hitlériennes se font face. Si la paix, bien que fragile, est encore d'actualité, chaque récréation donne lieu à des violentes bagarres entre les élèves des deux institutions. Deux en particuliers prennent un malin plaisir à s'arracher les cheveux et les vêtements. Il s'agit de Anna Muller, une jeune américaine née en Allemagne (et donc sociétaire de l'American Colony School), et de Karl Bruner, un jeune allemand né aux Etats-Unis et gavé à la soupe nazie. Mais malgré l'efficacité toute allemande de son endoctrinement, la jeunesse hitlérienne se prend parfois à céder aux charmes de la musicalité d'un piano et à la beauté de ses interprètes. Mais les années passent et les deux amoureux se séparent, l’expansionnisme allemand est en marche, la Rhénanie, l'Autriche et la Tchécoslovaquie tombe successivement sous le joug d'Hitler qui cherche à agrandir son espace vital, la tranquillité des beaux jours n'est plus et les joies passées du flirt cèdent progressivement le pas à l'horreur des exactions perpétrées nazies.
Berlin 1939. Anna est désormais professeur dans la même école qui l'a vu grandir et Karl lieutenant de la Gestapo. Ils ne se sont pas revus depuis l'envenimement de la situation en Allemagne. Bientôt pourtant ils ne se quitteront plus, quand un décret obligeant toute personne née sur le territoire allemand à rejoindre les camps de travail nazi contraindra le lieutenant et futur capitaine de la Gestapo à choisir entre sa patrie et son amour.
Avant qu'il ne se fasse coincer par la patrouille anticommuniste et ne lâche furtivement quelques noms, Dmytryk faisait des films assez bons et surtout dépouillés de sa culpabilité maladive qui plombait ses œuvres. Hitler's children fait parti de ceux-là. Et à ce titre, il rehausse un peu l'estime que j'avais pour Edward. Je suis loin d'avoir parcouru toute sa filmographie et je ne nie pas un savoir faire indéniable mais le peu que j'ai vu de lui ne m'a jamais complètement emballé. Pour le coup c'est donc une bonne surprise. Évidemment, époque oblige, le film est ouvertement propagandiste. Mais il faut lui reconnaitre une certaine ambivalence dans le traitement des hommes sous les uniformes et un certain optimisme quant à l'avenir de l'humanité. Techniquement c'est parfait, les acteurs sont talentueux et le message plus modéré qu'il n'y parait avec notamment une conclusion pleine d'espoir dans le genre humain et sa capacité à résister et transcender les régimes dictatoriaux. Et puis ça cite Goethe alors...