4°C jusqu'à l'infini
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Cela commence à l'âge de l'enfance, avec le contact de la peau contre la paroi vitrée et froide. Et le souvenir de l'émerveillement. De ces animaux marins évoluant dans un ballet, comme en apesanteur. Démesurés, magiques, comme s'ils étaient chacun les notes d'une symphonie.
Les Enfants de la Mer, dès ses premières secondes, semble se poser comme une ode au vivant, à la diversité de la nature abritée par l'océan, une fable écologique classique prônant le respect, la symbiose et l'harmonie.
Le film confirme cet apriori en posant des enjeux classiques : ceux de l'amitié qui se noue, du récit de la découverte de soi, d'évolution. Ceux de la découverte et de l'abandon de l'âge d'enfant. Une odyssée à la plastique fabuleuse. Aux images les plus évocatrices. A l'héroïne attachante qui rappellera dans son cheminement Le Voyage entamé par la jeune Chihiro, tout aussi boudeuse et solitaire.
Sauf que ces enjeux s'effacent peu à peu. Pour imposer Les Enfants de la Mer comme une histoire de communion, de découverte et d'intime, lâchant le spectateur dans une représentation aux allures de véritable révélation. Où se confondent l'eau et la voûte céleste, brouillant les repères et renvoyant celui qui a payé sa place à ce qu'il vit face à l'écran.
Car le film, finalement, se ressent plus qu'il ne se comprend : il ne parle pas à son audience avec des mots, mais avec un étrange chant des baleines, des sensations, des perceptions, des impressions. Oscillant constamment entre la féérie de l'eau quant elle emprunte sa couleur bleue tour à tour intense et transparente, et la noirceur de ses profondeurs impénétrables, inquiétante, troublante, déstabilisante.
Les Enfants de la Mer devient ésotérique, mystérieux, poétique, mystique et tend, dans son trip final, vers une certaine abstraction qui ne rebute jamais mais qui, au contraire, fascine. L'oeuvre représente l'infiniment grand enchassé intimement dans l'infiniment petit, une galaxie en train de naître, un incroyable maelstrom hors du temps et de l'espace, un chaos primitif dérobant le réel sous les pieds du spectateur, tour à tour pris de vertige, hypnotisé, conquis.
Les Enfants de la Mer s'élève ainsi sans jamais retomber en livrant, sous le trait énergique et l'animation imparable du studio 4°C, une imagerie hallucinée à nulle autre pareille illustrant un récit aux accents expérimentaux étranges et pénétrants. L'oeuvre, exigeante dans l'abandon qu'elle nécessite parfois, rappelle par instant la métaphysique classieuse de 2001, L'Odyssée de l'Espace, dans une audace impossible à deviner au premier abord.
Une expérience intense et unique vue à travers les yeux d'une enfant qui grandit et s'ouvre sur son intime.
Behind_the_Mask, ♫ sous l'océan... ♪
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Une année au cinéma : 2019 et Les meilleurs films de 2019
Créée
le 3 sept. 2019
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