A la fin du XIXe siècle, deux enfants (Hayley Mills et Keith Hamshere) réussissent à convaincre le capitaine Glenarvan que leur père supposé mort ne l’est peut-être pas tant que cela grâce à un message dans une bouteille. Sur les conseils de leur ami le professeur Paganel (Maurice Chevalier), ils embarquent pour l’Amérique du Sud, espérant y trouver la preuve que leur père est effectivement bien vivant…
Après la réussite de Vingt mille lieues sous les mers, il est logique de voir les studios Disney revenir à Jules Verne. Cette fois, c’est à l’habituel Robert Stevenson que revient la tâche d’adapter Les Enfants du capitaine Grant, et, même si l'on se doute que l'adaptation est très libre, il s’en tire – une fois n’est pas coutume – avec les honneurs.
Certes, le film a terriblement vieilli : presque aucun de ses effets spéciaux ne tient encore la route vu d’aujourd’hui, Maurice Chevalier nous offre un cabotinage enjoué issu d’un autre temps, le scénario n’est pas exempt des clichés du genre… et pourtant, paradoxalement, le charme désuet qui se dégage du film de Stevenson en fait une œuvre qu’il est difficile de ne pas aimer, même (voire encore plus) aujourd’hui.
En effet, si les effets spéciaux sont à la traîne, les images n’en sont pas moins somptueuses, grâce aux belles matte paintings de Peter Ellenshaw, qui donnent un réel cachet au film. Pour autant, cela n’efface pas le kitsch ambiant, et d’autant moins que celui-ci est parfaitement assumé, comme en témoigne la scène de descente de la montagne sur un bloc de rochers et la musique fantaisiste de William Alwyn qui l’accompagne.
Ainsi, le réalisateur est conscient des limites de son ambition, et au lieu de les subir, décide de s’appuyer dessus afin de renforcer son film… et ça marche ! C’est aussi ce qui justifie de passer par toutes les cases attendues du film d’aventures, faisant des Enfants du capitaine Grant un film-somme : tremblements de terre, avalanche, inondation, tornade, éruption volcanique… Rien n’est épargné aux personnages ni au spectateur, maintenant un rythme constant du début à la fin.
Certes, on pourra trouver que Les Enfants du capitaine Grant n’a rien d’inoubliable. Et pourtant, son charme semble aujourd’hui inattaquable, tant l’innocence et la sincérité qui s’en dégagent lui apportent une valeur ajoutée non négligeable, que les affres du temps ne pourront jamais effacer. Et c’est ainsi que, comme devant tout Robert Stevenson qui se respecte, on se prend à rêver unanimement, de 5 à 105 ans, de pouvoir se plonger dans la peau des héros le temps d’un film, en espérant que personne ne vienne ne nous déloger de ce doux rêve…