Y'a plus de saisons
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Pour ma part, il s’agit d’un film qui évoque avec un peu d’emphase un premier amour de jeunes adolescents maladroits mais passionnés : un petit côté fleur bleue finalement assez mentholée et rafraîchissante qui manque désormais à beaucoup d’œuvres récentes.
Je ne partage pas ainsi les critiques faites à l’auteur qui aurait commis une sorte d’atteinte indigne et de péché coupable climatoscetique. Cette tendance devenue infernale et pesante de tout juger à l’aune d’une morale “universelle” sous l’influence crispée d’un militantisme “made in USA” tellement protéiforme que devenu illisible.
Car à vouloir mettre ce film sous le prisme d’une telle critique, il faudrait donc aller beaucoup plus loin que s’en tenir à un seul reproche d’un climato scepticisme - qui ne me semble pas évident.
Finalement ceux qui l’invoquent ne sont-il pas eux aussi coupables d’avoir oublié d’autres causes morales dans leurs prompts reproches ?
Que dire alors de l’”essentialisation” de la jeune héroïne promise comme offrande rituelle à la divinité parce que femme? Où sont les féministes pour appeler au boycott d’un tel film ?
Que dire de l’occidentalisation des traits des personnages japonais ?
Que dire de sa propagande « masquée » shintoïste au culte d’Amaterasu ?
Que dire de la maltraitance de ce pauvre chat devenu obèse en fin de film ?
Avec de tels reproches systématiques et plaqués comme mécaniquement, une œuvre n’est plus originale mais un plaidoyer multiple, fourre-tout et obligatoirement exhaustif (comment le peut-on ?) des causes morales jugées comme « bonnes à défendre ». Tout ceci ne risque-t-il pas finalement d’étouffer voire stériliser et donc aseptiser le propos de l’auteur.
À vouloir lui imposer d’être si parfait au regard de tant de spectateurs différents et chacun devenu trop sensible à « chacun sa cause », n’en perdrait-il pas quelque innocence ou simplicité ?
Ne peut-on plus rien dire ou offrir sans « disclaimer », astérisques et excuses préformulées ?
Que veut-on faire de l’art et des artistes qui devraient ainsi tous répondre aux mêmes impératifs ? Surtout pour éviter la vindictive ou même la censure ?
L’art doit-il à chaque fois incorporer toutes les pesanteurs sociales et tous les combats pour être « valide » ?
Beaucoup d’œuvres (à s’interroger si certaines mériteraient même ce qualificatif) semblent de plus en plus se ressembler afin de rassembler tous les pré-requis moraux qu’exigent tant de militantismes modernes et concurrents. Une surenchère dans le sermon multi-publics et multi-services pour ne fâcher personne !
La poésie d’un amour bien chaste mais passionnel et presque sacrificiel ne suffit-il pas à réjouir les spectateurs ?
L’esthétique au seul service d’un noble sentiment ne suffit-il pas ?
Il le devrait à mon avis sans aller plus loin que l’émotion première que réalisateur propose.
Cela ne me dispense pas de critiques esthétiques. Si la plupart des images et des plans sont assez beaux et de belle facture, il me semble qu’il y ait des incohérences dans le propos et le traitement graphiques des décors entre eux et des décors avec l’action principale des protagonistes. Des images trop scintillantes et précises côtoient des images pastelles et douces élaborées par des équipes visiblement différentes et avec une perte d’harmonie visuelle. Mais ceci est à la marge cependant.
La musique est pour moi ce qui me déplaît le plus fortement dans ce film avec une pop japonaise criarde et mécanique avec des paroles un peu mièvres. Mais cela ne retranche pas aux propos simples et romantiques que semblent vouloir donner l’auteur.
Créée
le 13 janv. 2020
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