Difficile de ne parler de ce film qu'en quelques mots tant les problématiques abordées dans ce film sont nombreuses et leur traitement est juste.
D'abord, ce film évoque la rencontre entre une jeune femme de 19 ans, Hana, et un jeune homme, Ookami. La première des problématiques abordées dans ce film est la différence et plus précisément l'acceptation de la différence. Différence parce que Ookami ne ressemble à aucun des étudiants que peut voir Hana, différence parce que le mode de vie d'Ookami est très différent de celui d'Hana, différence parce que Ookami est un homme-loup et que Hana va l'accepter tel qu'il est, l'aimer pour ce qu'il est.
Ce film aurait été convenu s'il ne s'était seulement agi de parler de leur amour mais il n'en est pas question. Deux enfants naîtront de cet amour mais Ookami meurt alors que ses enfants, Ame et Yuki sont encore très jeunes.
Ce film ajoute ensuite une autre problématique à la différence : la difficulté pour une femme seule d'élever deux enfants différents. Là, le film prend une toute autre ampleur. Si Hana m'avait touché par son acceptation pure et simple de ce qui rendait Ookami différent, elle m'a ému par sa force de caractère et sa détermination à élever seule ses deux enfants en les préservant du regard d'autrui.
Mais Ame et Yuki grandissant, le regard de ses voisins changent et contraint Hana de partir s'installer dans un lieu éloigné de la ville où ses enfants pourront plus facilement s'épanouir.
Ce film ajoute encore une problématique à la différence et à la difficulté pour une femme seule d'élever deux enfants : la dureté de vivre à la campagne. C'est là que le film montre le paradoxe de la vie urbaine. En effet, à la campagne, à la différence de la ville les gens vivent bien plus éloignés les uns des autres mais bien moins isolés les uns des autres. C'est ainsi qu'Hana aura la surprise de constater que les gens de la campagne, bien qu'habitant loin de chez elle, sont beaucoup plus proches d'elle que ne pouvaient l'être ses voisins de pallier.
Ame et Yuki grandissent, vont à l'école, surtout Yuki et ce film ajoute encore une problématique aux précédentes : laisser ses enfants choisir de devenir ce qu'ils veulent être et accepter leur choix. Ce film montre toute la violence des sentiments humains qui peuvent se déchaîner en une mère partagée entre son désir le plus sincère de protéger son fils et de le voir grandir et son désir le plus sincère de savoir son fils heureux quitte à ne plus le voir.
Ame et Yuki grandissent et chacun fait son choix et le film gagne en profondeur en ajoutant aux problématiques de la mère la problématique des enfants, c'est à dire, s'accepter comme ils sont. En effet, si la problématique de la différence est toujours prégnante, il s'agit pour les enfants d'accepter ce qu'ils sont et de choisir ce qu'ils veulent devenir. Yuki, qui avait blessé un de ses camarades, fait le choix de devenir humaine pour ne plus blesser ceux qu'elle aime tandis qu'Ame fait le choix de devenir loup alors qu'il était le plus faible des deux enfants.
Mais ce choix ne va pas être des plus simples. Si Yuki, au début du film, semblait être la plus forte, elle était aussi la plus sociale, la plus proche des hommes alors que son frère Ame, s'il était le plus faible au début du film est aussi le plus solitaire, asocial. Ces deux personnalités vont conduire les deux enfants à des choix radicalement différents.
Les conséquences de ce choix ne vont pas non plus être simples, ni pour Ame, ni pour Yuki. Yuki étant le narrateur de ce film, il est aisé de connaitre ses sentiments. Pour Ame, les seuls indices sont le regard qu'il lance à sa mère blessée lors de la tempête alors qu'elle l'appelle et son hurlement adressée à celle-ci après qu'il se soit enfuit. C'est ainsi qu'Ame accepte d'être loup, en acceptant cette vie solitaire loin de ceux qui l'aiment, loin de ceux qu'il aime. Pour Yuki, accepter d'être humaine, c'est accepter de montrer à celui qu'elle avait blessé ce qu'elle est c'est à dire à la fois une jeune femme et un loup.
C'est lorsque Yuki montre à Sōhei qu'elle est aussi le loup qui l'avait blessé que le film reboucle sur ses problématiques initiales, c'est à dire la différence et l'acceptation de la différence.
J'ai rarement vu de film aussi complet. Comme tous les chefs d’œuvres de l'animation japonaise, il peut être regardé avec autant de plaisir par un public adulte que par les enfants. Les enfants y verront une superbe ode à l'amour, à l'amour maternel, à l'amour fraternel. Les adultes y verront toute la force de cet amour et toutes les difficultés qu'il entraîne.
Ce film est beau, ce film est poignant.