Les enquêtes du Département V, sont tirées des romans de Jussi Adler-Olsen, qui rencontre le succès pour sa cellule chargée des dossiers non élucidés de la police de Copenhague.
Les deux premières enquêtes, Miséricorde (qui voit la formation d'un binôme entre un vieux policier désabusé et un réfugié Syrien qui viendra faire tampon) et Profanation (pour la suite des événements) mettaient en valeur les acteurs, notamment Nikolaj Lie Kaas qui interprétait parfaitement cet inspecteur torturé ; Fares Fares son assistant apportait le recul nécessaire face à l'horreur de leurs enquêtes. N'en oubliant pas l'humour à dénoncer le système danois, les ambiances sont parfaitement glauques et les personnages attachants et duales. Les deux premiers opus efficaces et maîtrisés par l'excellent Mikkel Norgaard, que l'on regrette dès le troisième acte, rendaient hommage à certains thrillers américains et rappelaient aux Millénium de Niels Arden Oplev et Daniel Alfredson. Utilisant les flashbacks, bien insérés et pas encore à la mode, les deux se démarquaient pourtant : l'un axé sur une certaine tension et l'autre mystérieux, pour une forte ambiance et une évolution des personnages fouillée.
Troisième chapitre des Enquêtes du département V, Délivrance est une sorte d'ersatz des deux premiers. On retrouve le dépressif Carl Mørck et Hafez el-Assad, son partenaire et Rose, leur secrétaire. Les années ont passé, mais les enquêteurs n'ont plus la même force et présence. La critique acide de la société, les couches multiples, la noirceur, les pointes d'humour ou d'humanisme bien dosés permettant de reprendre son souffle, les rebondissements palpitants, oscillants parfaitement entre une intrigue psychologique et le thriller, et partie intégrante des enquêtes précédentes, sont effacés au profit d'une description d'un seul personnage, psychopathe, assez mal joué par l'excellent Pål Sverre Hagen qui nous avait tant réjouis dans Refroidis. Déception de la part de Hans Petter Moland, qui nous offre une mise en scène plate, sans rythme et sans véritable tension ou pointe d'angoisse, les seconds rôles et Jakob Oftebro si peu valorisé, déçoivent.
Avec Dossier 64, de Christoffer Boe nouveau venu à la tâche apparemment compliquée, le quatrième sera peut-être un cran au dessus mais en oublie encore ses personnages, élément fondateur de ces enquêtes avec des acteurs insignifiants qui auront perdu de leur belle caractérisation des débuts. Un scénario peu original avec le thème de la vengeance tout autant que celui de la stérilisation bien poussifs et qui viennent rejoindre ce dernier acte, de Martin Zandvliet (tout aussi moyen que pour ses Oubliés de 2015, ou le bien mauvais The Outsider), et qui tente de surfer malheureusement sur le succès des deux premiers opus avec bien peu de foi.
Les enquêtes du département V : l'effet Papillon ou l'effet Marco suivant la traduction, n'est finalement qu'un polar nordique, pour attirer le chaland, mais bien faiblard en terme de scénario, pour suivre nos deux enquêteurs, Carl Mørck, et Assad (Ulrich Thomsen, que l'on connaît plus inspiré et Zaki Youssef précédemment joués par Nikolaj Lie Kaas, et Fares Fares) sans oublier la parfaite et bien fendarde, Johanne Louise Schmidt dans le rôle de leur secrétaire, remplacée ici par l'absente Sofie Torp.
Avec cet effet Papillon jouant de disparition, de meurtre, de pédophilie, d'immigration sous fond de corruption, on sera surtout agacé par une intrigue sans sursaut, et par le peu d'approfondissement de sujets aux enjeux importants, ou des personnages encore une fois oubliés et/caricaturaux, par Thomsen et son chewing-gum, par ses tentatives de drague, par sa voix off à nous faire part du vide de ses traumatismes, et par le peu de charisme de Assad et de tous les autres seconds rôles sans oublier des retournements d'une facilité déconcertante.
Reste une mise en scène correcte, jouant de ses ambiances ternes et dépressives, insuffisantes, peu efficace en terme de tension et qui n'aura pas la noirceur tant appréciée mais surtout ses rapports humains bienveillants des deux premiers opus qui marquaient l'humanisme de ses personnages.
Reste le sixième opus à venir, et on espère le retour de Mikkel Norgaard.