Parfois, on peut prendre des éléments parfaitement classiques, éviter l’esbroufe inutile, et pourtant en mettre plein la vue aux spectateurs.
Cette ## Miséricorde ## fait partie de cette catégorie de film.
D'un côté, on se sent poussé à dire qu'il n'y a rien de neuf sous le soleil. Un flic un peu brutal, subtil comme une colonne de chars d'assaut, désobéissant aux ordres et ne respectant pas franchement ses supérieurs, est relégué au sous-sol, à peine une cave aménagée, où on le prie gentiment de se contenter de classer des dossiers. Bien entendu, lui, comme une bonne mule enragée, non seulement il ne classe pas, mais il rouvre, il fouille, il scrute. Bref, en un mot, il emmerde le monde.
Et, on le sent venir à des années lumière, gros comme la devanture d'un bordel de Bangkok, le dossier qu'il rouvre, le bonhomme, c'est l'erreur. Une femme disparaît à bord d'un ferry. On conclue au suicide. Merci, au revoir. Et notre flicard fouineur, farfouillant au fond de l'affaire, flaire une plus forte senteur.
Toujours au fin fond des banalité d'usage, on colle un collègue à notre flic. Un arabe, en plus. Bien entendu, les deux ne vont pas s'entendre. Trop différents. Bien entendu, c'est cette différence qui va leur permettre de progresser dans l'enquête.
En bref, le chemin semble parfaitement balisé, c'est du déjà-vu des milliers de fois, ça n'a aucun intérêt...
...sauf que je me suis laissé prendre comme un bleu.
Rythme rapide, d'abord. Il s'en passe, des choses, dans le film. Rebondissements, fausses pistes, révélations, l'enquête avance vite et ne faiblit pas. 96 minutes, c'est la promesse qu'il n'y a rien de trop. Et c'est le cas ici.
Ambiance bien glauque ensuite. Attention, certaines scènes sont choquantes. Il y a du brutal, de l'animal dans ce film.
Et de l'inattendu, itou. Originale, la façon de tuer. Surprenante, la scène d'ouverture. Même la construction du film n'est pas banale.
En bref, le SanFe, il a été bluffé. Il en est ressorti épuisé mais content d'avoir vu un vrai polar (parce que le SanFe, il se méfie un peu des prétendus polars qui vienne du Nord de l'Europe. Il s'est déjà fait avoir avec ## Millenium ##, qui est une sombre merde, alors il ne tient pas à se faire avoir à nouveau. Pas de risque ici, c'est du véritable polar, sombre, glauque, musclé quand il le faut, du polar où on fouille dans les instincts les plus bas, où on n'a pas peur de se salir physiquement et moralement, où on côtoie l'abjection, qui remue les tripes. Je crois qu'il serait temps que je ferme cette parenthèse, je ne sais même plus pourquoi je l'ai ouverte).
Je ne le recommande peut-être pas à tout le monde, car il faut parfois être bien accroché, mais c'est du lourd.