Comme le kitschouille Serpent du Nil, sorti quelques mois plus tôt la même année 1953, Les Esclaves de Babylone est un petit péplum de série B bricolé avec peu de moyens. Ah, le son des épées de fer-blanc qui s'entrechoquent, et le bruit des murs de carton-pâte qui s'écroulent... !
Vaguement basé sur le Livre de Daniel de l'Ancien Testament, il démarre cinquante ans après la destruction de Jérusalem par l'armée de Nabuchodonosor, alors que le peuple juif est réduit en esclavage à Babylone. Daniel, un sage vieillard qui a gagné les faveurs du roi, met au point un plan pour libérer les siens : il charge le fougueux Nahum de retrouver Cyrus, le petit-fils du roi des Perses Astyages que tout le monde croit mort et qui mène une innocente existence de berger. Son objectif : permettre au prince, qui ignore ses origines, d'accéder au trône de Perse, en espérant qu'il vienne ensuite s'emparer de Babylone, où les Juifs sont persécutés pour leur refus d'adorer le dieu Moloch-Baal. Un plan sur le long terme, donc, mais inspiré par Dieu, donc voué à réussir. Nahum retrouve le berger et le guide dans son ascension, mais leurs projets sont mis en péril par les ambitions personnelles de la princesse Panthéa, qui convoite le trône, peu importe que ce soit aux côtés de Cyrus ou de Belshazzar, le fils de Nabuchodonosor...
Un péplum, même de série B, n'est jamais dénué d'un certain charme ; et ici ce charme est tout entier incarné par une Linda Christian à tomber par terre en princesse orientale. Madame Tyrone Power à la ville, cette actrice mexicaine est restée dans les mémoires (des cinéphiles les plus pointus) comme la première James Bond girl de l'histoire, puisqu'elle joua l'année suivante dans le téléfilm Casino Royale, première adaptation des aventures de l'agent secret britannique. Comme Rhonda Fleming dans Le Serpent du Nil, sa plastique est l'unique bonne raison de s'intéresser à ce film par ailleurs médiocre. À ses côtés, Richard Conte est parfaitement ridicule en tunique et sandalettes - sans parler de son improbable gouffa ! - et le reste du casting, composé d'illustres inconnus, est insignifiant.