Navigant entre Les Barbouzes de Lautner et Le bureau des légendes, Les Espions est un film "Kubrickien" avant la lettre. Comme dans Lolita, Barry Lyndon ou Full metal jacket, le "héros" est plus un quidam qu'autre chose. Il subit les situations, quand il décide de passer à l'action, cela tourne à la catastrophe.
Une chose est sûre : si vous ne connaissez pas l’œuvre de Clouzot, ne commencez pas par ce film. Malgré ses indéniables qualités (photo impeccable, montage et intrigue aux petits oignons), il navigue entre drame et comédie, sans jamais savoir sur quel pied danser. Quand le film se termine, on reste sur cette hésitation. Ce n'est pas toujours un défaut, mais dans les espions, l'écart est trop grand et le spectateur se perd. La direction d'acteurs est inégale, entre un Gérard Séty impassible, un Peter Ustinov génial et une Vera Clouzot catastrophique (comme d'habitude et malgré un rôle muet).
À voir uniquement si vous avez déjà vu les grands films de Clouzot et que vous voulez compléter votre cinéphilie.