Je n'attendais rien des Eternels. A vrai dire, je dois avoir dans ma BDthèque un seul comic les mettant en scène... Et auquel je n'avais pas trop accroché, malgré la beauté du dessin de Daniel Acuña.
Il faudra aussi reconnaître que la phase IV du Marvel Cinematic Universe peine un peu à fructifier sur l'épiphanie de la saga des pierres d'infinité, se contentant jusqu'ici d'explorer certains personnages ou d'ouvrir une fenêtre vers le passé. Et si Shang-Chi et la légende des Dix Anneaux avait apporté un peu de nouveauté dans son environnement ou la culture abordée, sa sympathie n'était pas suffisante pour dépasser l'absence globale de surprise.
Et si Marvel avait recruté la multi récompensée Chloe Zhao pour donner le change, Les Eternels se montrait casse gueule à double titre, puisqu'il devait présenter au grand public une dizaine de nouveaux personnages obscurs aux yeux du plus grand nombre, tout en ajoutant une nouvelle mythologie au sein de l'univers partagé.
Et force est de reconnaître que le film réussit en grande partie son pari, après cependant une entame qui pourra paraître laborieuse, à cause de certains flashbacks qui alourdissent quelque peu le récit, mais aérant le film par la variété des décors convoqués et lui donnant une couleur particulière en l'ouvrant sur de grands espaces minéraux, bruts et rugueux. D'où un sentiment d'ambition à l'écran, d'imposante grandeur irriguant enfin pleinement une phase IV qui mérite enfin son nom. Ce sentiment est relayé par le spectacle proposé, qui se montre limpide et clair dans les séquences d'action proposés.
Et comme dans Les Gardiens de la Galaxie, Les Eternels rend immédiatement sympathique sa nouvelle famille sans perdre le spectateur qui ne retrouvera plus ses figures fétiches, l'oeuvre imposant quelque chose de presque totalement inédit et quasi autonome.
Les Eternels marque donc le nouveau souffle du Marvel Cinematic Universe, même si les aigris vous diront que cela ne sort pas de la formule consacrée et aujourd'hui conspuée. Sauf que, manque de bol, le film est dépourvu du grand méchant classique et se nourrit des dissensions d'une famille dysfonctionnelle découvrant la vérité quant à son existence. Pas vraiment le film de super-slips classique, quoi, d'autant plus que les conflits intimes sont plutôt bien captés par Chloe Zhao, contrebalançant la grandeur des enjeux cosmiques dessinés par le cahier des charges de la firme.
Et puis, on les sent venir de loin, les principales critiques du film, en particulier sur son casting en forme de publicité où Benetton rime avec inclusion. Ce serait cependant oublier ce que représentent aux yeux des humains ces éternels : des dieux, tout simplement, qui ont inspiré différents panthéons à chaque civilisation et chaque peuple, dans lesquels on retrouve pourtant les mêmes archétypes de héros et de divinités.
Les Eternels, s'il n'est pas parfait, s'il trébuche sur quelques petites longueurs, ose quelque chose de neuf, questionne à l'occasion l'image de l'héroïsme, et surtout, donne un visage étonnamment humain aux super-pouvoirs de ses nouveaux personnages attachants.
Behind_the_Mask, Lie to Me.