L'univers Marvel, après des débuts surprenants voire prometteurs, a peu a peu sombré dans la facilité avec des scénarios où la répétition devenait la règle et la quasi absence de profondeur une obligation. Ajoutez là-dessus l'indispensable nappage d'effets spéciaux frénétiques ingurgités jusqu'à la nausée et vous obtenez une recette insipide devenue la norme. Un peu comme chez la souris milliardaire en somme.
Si, parmi les œuvres récentes, Shang-Chi et la Légende des Dix anneaux offrait un certain renouveau principalement visuel, voici que Les Eternels se pare d'une profondeur que l'on avait pas vue depuis longtemps. C'est ainsi que l'on va suivre le parcours d'entités immortelles aux travers des âges de l'humanité. Evolutions, révolutions, guerres sont le lot des humains depuis les temps immémoriaux. Ce qu'ils ne savent pas, c'est que les éternels veillent sur leur évolution depuis longtemps. Les allers et retours entre présent et passé sont habilement imbriqués et permettent une compréhension aisée des évènements qui ont jalonné les vies de ces êtres d'exception. Si l'intégration de la culture wok est devenue obligatoire pour des studios qui veulent obtenir la plus large audience (et les billets verts qui vont avec), je dois convenir que pour une fois, cette galerie de héros représentatifs de peuples épars est parfaitement cohérente, cette diversité reflétant de nombreuses civilisations humaines.
Elément appréciable entre tous pour moi, la réalisatrice a laissé la part belle aux interactions entre les protagonistes où les ressentis des uns et des autres sont exprimés, octroyant un supplément d'âme qui fait trop souvent défaut aux super-héros. Certes, il y a des combats récurrents mais ceux sont plutôt bien conçus, même si l'on échappe pas aux méchants polymorphes avec des tentacules en tous sens qui mordent tout ce qui bouge. Un peu d'imagination n'aurait pas fait de mal concernant les visuels des déviants mais bon, on est habitué chez Marvel à pondre des créatures plus bizarres les unes que les autres. En revanche, j'ai trouvé les Célestes vraiment majestueux au niveau visuel et leur rôle véritablement étonnant.
C'est ainsi que les trahisons, surprises et autres rebondissements émaillent un scénario moins simpliste que d'habitude. Mais ce qui fait le sel de cet opus, c'est la question existentielle qui traverse cette histoire : l'humanité mérite t'elle d'être sauvée ? Au cours du film, les arguments en faveur et en défaveur de ce postulat sont présentés par l'image ou au cours de discussions. Si ces arguments ont été maints fois exprimés sur d'autres supports, ils ont le mérite d'être ici diffusés un peu plus afin que chacun puisse y réfléchir.
Les Eternels offre donc un divertissement un peu plus fouillé que d'autres fois, fruit du travail d'une réalisatrice qui a su insuffler une âme dans cette œuvre. Si celle-ci ne sera pas éternelle, elle a le mérite de poser un jalon singulier dans un univers qui tendait à s'essouffler. En ces temps d'apocalypse écologique augurée, voici un thème d'actualité.