(avec mini spoils)
«On ne laisse pas Bébé dans un coin», semble dire Jane-Bébé-Fonda à Alain Delon en l'envoyant cueillir des fleurs sur le marché de Nice.
Une histoire et manigance qui me rappellent les tensions, situations et sujets dans Les Proies et même une fin m'amenant à Misery. Voire le Dernier Metro mais où le caché serait un collabo puis un gigolo...
Juste quelques remarques:
_____Gratuit en ce moment sur TV5 Monde
______...Quel exploit! René Clément et ses acteurs arrivent à nous faire croire qu'Alain Delon résiste et repousse les avances de Jane Fonda!?
Sacrée mise à l'épreuve de ma capacité à la Suspension consentie de l'incrédulité.
Surtout quand elle rentre en nuisette dans sa chambre, danse et joue des rondes poignées de porte: door...knob en anglais. Et alors qu'au premier plan elle joue de face du bout de ses doigts avec le sexe de la porte, on la voit aussi de dos car elle est multi reflétée dans les miroirs qui se font face, façon La soif du mal. Bref, Jane Fonda dont on voit presque Everything Everywhere All at Once... Un film que j'ai eu tort de revoir en pleine canicule.
______Son astuce est sans doute qu'il commencera à l'appeler "Bébé", ce qui remet les pendules à l'heure et cryogénise toutes pensées concupiscentes (ça marche pas dans Dirty dancing).
______on croise vers la fin en décors de cariatides faites de noirs rappelant les serviteurs de Cléopâtre dans Asterix.
Et quasi dans le même plan, une sculpture qui semble vraie de Giacometti, L'Homme qui marche, une icône de l'art du XXe siècle.
______une fin de film en 1964 qui fait très Black Mirror et tous ses enfermés virtuels, notamment dans l'épisode Blanc comme neige en 2014.
______l'entretien d'embauche entre le gigolo poursuivi et la veuve, me rappelle les jeux de pouvoirs dans 'Boulevard du crépuscule' de Billy Wilder et Charles Brackett.
La supposée veuve Lola Albright, est jouée par une actrice aussi belle que Delon: elle chante aussi sur l'album justement titré, You're Driving Me Crazy...
______quand il est assommé, la caméra se met à sa place et on vit sa condition d'attaqué déjà en 1964 en caméra subjective,bien avant mon John Carpenter et Halloween où ce procédé me bluffait.
Un autre mouvement de caméra qui m'a fait plaisir est dans une scène qui parait simple mais qui doit demander du travail: l'arrivée d'Alain Delon dans la hall du Palace jouant d'une raquette de tennis comme une majorette...cet alors clone de Roger Moore dans le générique d'Amicalement Votre est suivi par la caméra jusqu'à l'ascenseur où il séduit même un Yorkshire terrier nain à ruban nouant ses poils au dessus des yeux.
______il est assommé car un vieux riche pervers veut que ses fourbes sbires lui ramènent sa tête après que sa torture soit enregistrée et photographiée dans 1 autre pays ...ce qui me rappelle l'affaire du pauvre Jamal Khashoggi: "(MacCain prononcé Makine) veut preuve que tu en as bavé" avant de mourir.