Talons très/trop aiguisés.
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L’enthousiasme était là, le thriller prometteur Hitchcockien façon Almodovar hardcore que laissait deviner le trailer, et le Vidéoclub Kombini de l’actrice/réalisatrice qui bénéficie d’un ferme capital sympathie. Un genre de Fenêtre sur cour marseillais où enfin Grace Kelly la potiche, seule contre tous les forceurs, assouvirait la vengeance d’une blonde Marylin avec la frénésie de Gaspard Noé. Retrouver la simplicité jouissive des trois héroïnes du Boulevard de la mort se faire justice, trio de colocs excentriques qui termineraient à coup d’extincteur leur agresseur dans la moiteur caniculaire du vieux port. Pourtant ici, ceinture. Pas de suspens. Ni catharsis.
Avec une naïveté cinephile qui fait l’exploit d’allier prétention meta (maladroitement pompé sur le malin Charlie Kaufman d’Adaptation) à une de réflexion si profonde qu’elle se noie dans le pédiluve de l’écoféminisme. NM et sa co-scenariste, Céline Sciamma, nous prennent par la main pour nous instruire lourdement sur la condition féminine sans jamais effleurer l’ambition radicale de l’immense Françoise D’eaubonne. Mère du dit mouvement philosophique des 70s et inventrice du terme «sexocide «, première à décrypter le feminicide de masse des sorcières, meneuse du « commando saucisson » qui tapait à coup de charcute les monsieur anti IVG qui s’invitait dans leurs réunions non mixtes, GOAT. Un peu lèger les infos TV en second plan pour dénoncer le réchauffement climatique provoqué par notre saint patriarcat extractiviste, sans jamais le lier à la culture du viol, du corps de femme à l’épuisement monoculturel agricole de la pacha mama, sympa la caution ecolo mais franchement juste. Symptomatique exemple de la superficialité sidérante avec laquelle le film multiplie illustrations insistante de sa thématique, c’est la raison capitale d’un naufrage niaisant, on se sent prisonnier d’un exposé Wikipédia niveau collège qui enchaine les monologues ouin ouin les zommes comme de laborieux slides PowerPoint bien scolaires. C’est vré, mais on s’enfonce dans l’abîme du pensum premier degré, asphyxié dans les eaux troublantes de ce qu’on a seulement su qualifier par un néologisme avec mon amie toute aussi hagarde que nous à l’issu de la projo, de « littéralitude ». À l’arrivée un rythme infernal à enfiler les poncifs tel un enchaînement décousu de stories TikTok #noustoutes déroulées par une IA (version beta datant de 2019).
Un script exécuté par chatGPT dans lequel on aurait prompté : Écrire une comédie hyper référencée defouloire qui dénonce à la tarantino, mais attention intello dogme danois, provoquant à là Lars Von Trier sauce Dogville mais avec les apparitions surnaturelles solipsistes d’Antichrist, ajoute la fausse sophistication d’une sororité aussi libérée que névrosée dans une DA aux couleurs criarde periode Movida espagnole. Avec l’intrigue, la quali de jeu et les dialogues d’un épisode 90s des Filles d’à côté de AB productions.
On obtient un escargot tout chaud presque du niveau de vulgarité absurde de ce boomer sexiste problématique de Bertrand Blier dans Calmos, avec sa scène inaugurale du mangeage de paté chez le gynécologue ou son usine à viol gynarchique pour reproduire l’espèce en gardant les hommes à la seule place qu’ils méritent. Mais ici les rôles sont inversés a-haa, donc les généralisations de genre c’est de la finesse, c’est subversif ok?
Il reste le talent évident de souheila yacoub qu’on rêverait enfin de voir enfin dans un rôle à sa mesure, pas que en second plan dans Dune, la seule de la troupe à briller parmi un casting mou qui ne trouve jamais son timing comique dans cette comédie qui se voudrait décalée - la réal cite constamment le Splendid en interview, et particulièrement le père noel est une ordure dont elle emprunte d’ailleurs aussi le dénouement au zoo. Et il restera en filigrane le seul vrai fantôme convaincant qui traverse le film: la police. Elle sert à R à chaque apparition, en soi la meilleure blague dans cet ovni sans enjeu dramatique reste son absence. Oui je suis over méta aussi, comme Céline.
Comme son personnage qui lache des random prouts, l’exercice de la comédienne, par ailleurs très talentueuse NM, est une interputaindeminable flatulence.
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il y a 12 heures
Modifiée
il y a 11 heures
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