Second film de la jeune et talentueuse Noémie Merlant après la chronique estivale « Mi Iubita Mon Amour », « Les filles au balcon » démarre bien et fort. La jeune actrice polyvalente et internationale (elle a donné la réplique à Cate Blanchett dans « Tar » et à Kate Winslet dans « Lee Miller ») nous gratifie de gracieux travellings inauguraux allant d’un immeuble à l’autre sous la canicule de Marseille se muant en plans-séquence malins quadrillant les lieux de son histoire. Beau à regarder et techniquement impeccable, les premières minutes mettent l’eau à la bouche en présentant également habilement les trois personnages principaux. Des airs d’Almodovar sous acide imprègnent le film avec ses couleurs flashy et ses personnages féminins délurés. Partant sous les oripeaux de la comédie solaire et féminine, un événement notable va faire basculer « Les femmes au balcon » vers le film de genre. Encore là, c’est aussi drôle que sanglant et on pense au méconnu « Serial Lovers » de James Huth qui mêlait comédie et gore avec jubilation de manière similaire. Jusque-là tout va bien et on sent poindre le film MeToo, appellation qui est presque devenue un sous-genre à part entière depuis une petite décennie. Parfois lassant certes à force de redites, mais toujours satisfaisant quand c’est bien fait. On garde donc espoir, convaincu que la suite de ce long-métrage atypique soit du même acabit que cette première partie amusante et tonitruante. Malheureusement, elle s’avère beaucoup moins convaincante et le script comme le traitement qu’en fait Merlant devient peu probant, presque chaotique, au point de nous lasser et de nous fatiguer.
Il faut être honnête, si « Les femmes au balcon » prend la direction du cinéma bis ce n’est pas vraiment le souci premier car le virage aurait pu être adroitement négocié. Le problème vient davantage du fait que l’histoire parte dans tous les sens sans boussole narrative tangible. Le long-métrage devient un fourre-tout épuisant où la masculinité toxique est à juste titre massacrée mais où il apparaît que tous les hommes sont à mettre dans le même panier. Sa charge anti-viriliste a beau être sincère, elle est enfoncée au marteau-piqueur sans aucune nuance et finit par devenir irritante. Tous les profils du mâle méchant et du patriarcat sont épinglés dans un joyeux bordel qui vire au catalogue des méfaits masculins. On sent le cri de haine et de détresse très à a mode mais il confine au féminisme extrémiste qui rend le message difficilement soluble pour tous. Et quand des incursions fantastiques gores ou encore oniriques apparaissent on commence à saturer. Certaines séquences deviennent outrancières, le jeu des actrices hystérique et seules quelques scènes bien vues (la diatribe de Souheila Yacoub à la caisse du magasin de bricolage) viennent un peu contrebalancer la désagréable impression d’une œuvre qui s’épuise et nous épuise. Dommage car tout cela commençait bien et avec style!
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