Quand mon pote Fabien m'a invité à le rejoindre au cinéma pour voir "un film d'auteur dramatique finlandais en version originale", j'ai failli lui répondre que je ne pouvais pas, car j'avais piscine. Mais pour je ne sais quelle raison obscure, (certainement influencé par la magie de divinités nordiques), j'ai dit oui. Et si les premières minutes du film m'ont inquiétée, avec ces plans longs et ces acteurs qui semblent ne pas jouer, je me suis vite laissé happer dans cette œuvre originale, décalée, pleine d'humour et de tendresse.
Aki Kaurismäki est un amoureux du cinéma et il le montre. Les références sont partout, sur les affiches, les plans, les couleurs, les situations. Cette rencontre de deux prolétaires finlandais ne sert ici que de prétexte pour parler du septième art. Mais aussi de la Finlande populaire, de ses chansons traditionnelles, de ses habitants, des relations hommes femmes, de leurs attentes, de leurs angoisses face à la guerre en Ukraine, mais aussi de leurs problèmes d'alcool.
Le réalisateur filme leur quotidien le plus morne avec un tel talent qu'il le rend beau. Le tout dans un style volontairement daté qui ferait croire son long-métrage tout droit sortie des années 70.
En rentrant dans cette salle obscure avec mon pote Fabien, je m'étais préparé à m'ennuyer ferme et à éventuellement piquer un roupillon. Mais au lieu de cela, mes yeux n'ont pas quitté l'écran une minute. C'est avec regret que j'ai vu le générique arriver. Déjà ? Mais c'était trop court ! J'en voulais plus.
Si je n'avais qu'une critique à faire au film, ce serait son titre. Les feuilles mortes m'évoquent la tristesse et la mélancolie. Or c'est un film humaniste, plein d'espoir, d'humour et de poésie que j'ai découvert ce soir-là. Une œuvre qui m'a réchauffé le cœur en ce début d'automne.