Pour une fois Zazu Pitts ne joue pas les seconds rôles ou les faire-rôle et obtient le premier rôle féminin dans cette comédie romantico-dramatique plutôt réussie. J'apprécie beaucoup la comédienne qui a toujours dégagé à mes yeux une certaine fragilité. C'est justement cet aspect qui est mise en avant dans le portrait de cette humoriste qui se réfugie de plus en plus dans l'auto-dérision pour éviter de montrer le vide sentimental de sa vie, d'où une jolie scène où elle dîne seule, chez elle, avec un homme parfait imaginaire... qu'elle rangera dans un placard quand le musicien vient travailler chez elle.
Le film dégage un sentiment de doute et d'instabilité, comme si le bonheur ne lui était jamais acquis ou durable. C'est en effet le cœur du dernier tiers et la conclusion très abrupte est assez grave entre le dénis, la fatalité et le pardon. Malheureusement, il est difficile de savoir s'il s'agit de la véritable fin "narrative" puisque Pretty ladies est incomplet. Il semble manquer la première et la dernière bobines qui étaient des numéros de music-hall re-créant des tableaux du fameux Ziefeld Follies. Comme souvent à l'époque l'ouverture et le final étaient en technicolor bi-chrome. Peut-être que celui-ci offrait en même temps qu'un spectacle fastueux une conclusion moins ouverte et poignante. Pour l'ouverture, on voit bien effet que Pretty Ladies commence abruptement en plein milieu d'une représentation.
Présentement, on ne trouve donc qu'une seule séquence de music-hall, une chanson (muette donc) où Zazu Pitts est déguisée en mouche et vole dans un grand décor reconstituant une cuisine à l'échelle de l'insecte.


Il y a un autre intermède musical se déroule lors d'une fête mondaine où Zazu Pitts fait un numéro de blackface. Je me demande si cela n'est pas la raison de sa note catastrophique (et injustifiée) sur imdb : 2,9/10 !
Pourtant cette scène n'est absolument pas vulgaire, douteuse ou raciste. Elle apporte au contraire une réelle profondeur psychologique à l'héroïne qui se réfugie littéralement derrière un masque pour cacher son désarroi et sa détresse de voir l'homme qu'elle aime au bras d'un "Gold Digger" arriviste sélectionnant ses conquêtes selon leur avis d'imposition ( :lol: ). De plus, l'idée est plutôt bien développée lorsque que Zazu Pitts ne se démaquille qu'à moitié pour se dévisager dans un miroir.
La mise en scène - comme le scénario - présente ainsi régulièrement de bonnes chose comme la présentation des musiciens qu'on imagine fuir une descente de police, le lait pour bébé dans la flasque à Whisky, ou la gestion de la profondeur de champ lors d'une fête dans des chambres hôtels où les portes se ferment les unes après les autres pour isoler un jeux de séduction.


J'ai donc envie de dire qu'on tient un très joli titre à redécouvrir.

anthonyplu
7
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le 9 mai 2019

Critique lue 69 fois

anthonyplu

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