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Cela faisait longtemps que je n'avais pas suivi une comédie dramatique américaine avec le sentiment d'une architecture aussi solide et efficace.
Les figures de l'ombre est un film consacré à l'équipe de calculatrices noires de la NASA qui permit la réussite du programme Mercury. Il y a de très bonnes actrices (Octavia Spencer, Taraji P. Henson, Jannelle Monae <3), il y a Kevin Costner remarquable de constance dans sa carrière, et même une Kirsten Dunst qui fait le choix louable d'être une figure répulsive et en retrait de gestionnaire blanche qui se ment sur son propre racisme.
Le film comporte beaucoup de scènes très mémorables et superbement mises en scène. La ségrégation est parfaitement montrée, par exemple quand les astronautes arrivent sur le tarmac et viennent serrer les mains de l'équipe blanche, le personnel noir restant sur le côté. Et le moment où John Glenn, l'air de rien, vient serrer la main du personnel noir, c'est fait avec subtilité et juste ce qu'il faut de pathos pour qu'on comprenne à la fois son courage de faire ce petit geste et les flots de reconnaissance qu'il reçoit de la part des filles.
On suit les problèmes personnels de chaque fille en-dehors du boulot, les manoeuvres de Katherine et Dorothy pour ne pas être reléguées dans l'ombre alors que l'on a besoin de leurs compétences. Il y a des paraboles, notamment tout ce qui tourne autour des toilettes. Une scène clé, émouvante et humoristique, est celle où Kostner démonte lui-même les panneaux des chiottes séparant Noirs et Blancs et partant en disant "A la NASA, on pisse tous de la même couleur". C'est le parfait mélange de grossièreté et d'émotion que l'on trouve dans de vieux films oubliés comme Une équipe formidable (Geena Davis <3 <3 <3), Les petits champions ou Sister Act.
La reconstitution du début des années 1960 est très fidèle et les cadrages sont très réussis, avec de beaux mouvements de grue, des plans larges qui respirent et des scènes de groupe très composées. La bande-son, c'est de la Motown/soul penchant un peu vers le gospel, bref c'est feel-good et entrainant, en particulier sur les scènes drôles, ça donne la banane.
Bon, le message du film sur la discrimination liée à la peau est qu'il vaut mieux se défoncer pour péter les plafonds de verre que choisir la violence, et qu'il faut laisser une deuxième chance aux mâles hétéros cisgenre. Pourquoi pas, même si ça ne plaira pas à tout le monde j'imagine.
On peut au fonds reprocher au film de se plaquer sur un schéma connu : une minorité développe un talent qui l'amène à remettre en cause les préjugés. Le camp en face le réalise, corrige son erreur et tout le monde en sort grandi. Il y a évidemment une scène de tension qui met tout le monde sur le grill, pour qu'à la fin tout le monde se tombe dans les bras.
D'accord, c'est ultraclassique. Mais ça fait du bien, en ces temps si sombres. Et puis ça rend justice à des figures qui le méritent.
Créée
le 17 mars 2021
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3 j'aime
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