Il y a 9 ans, bien avant Gravity et juste après le Prisonnier d'Azkaban, Cuaròn adaptait ce thriller de science-fiction de P.D James et, comment commencer...?
Revu récemment je n'ai pas pu m'empêcher de faire le lien avec les événements actuels. Ce monde ravagé par la maladie et la guerre où les réfugiés sont discriminés et sont installés dans des camps, traités comme du bétail, a automatiquement fait écho chez moi aux événements récents concernant les réfugiés. Ca crée un nouvel impact au film et nous fait aussi réfléchir d'une autre manière à l'actualité. On sent aussi la fragilité du monde après la mort de la plus jeune personne sur terre qui, en tant que célébrité, faisait figure de symbole et d'espoir qui sont d'ailleurs des grands thèmes du film.
En dehors de ça, ce film est virtuose, Il aurait mérité selon moi une plus grande visibilité auprès du grand public. L'univers développé pour le film est riche et regorge de détails pour nous situer (journaux, TV etc), le sentiment d'insécurité est palpable tout le long du film et est accentué par le remarquable travail du maitre de la photographie mexicaine Emmanuel Lubezki (Gravity, Birman). Les tons gris, bleutés et jaunis rendent l'image à la fois oppressante et à la fois magnifique. J'ai aussi rarement vu de tels plans séquence au cinéma qui rends l'immersion encore plus saisissante, c'est tout simplement bluffant.
La musique est très discrète mais quand il y en a, la force de la scène en est décuplée dû au contraste de la discrétion pour le reste du film. J'ai beaucoup aimé les choix rock, pop et classique de la musique, toujours au bon moment, toujours avec la bonne image, quelques références avec les Rolling Stones, Radiohead où encore Pink Floyd et Banksy (visuellement cette fois-ci) qui nous renvoie directement à notre époque et qui, malgré l'omniprésence de la guérilla urbaine, nous montre un petit sentiment engagé et révolutionnaire.
Ce film est grand, immersif, magnifique, violent. Un must-have.