Cette adaptation d'un livre de Joseph Wambaugh par Stirling Silliphant constitue un des meilleurs scénarios des années 70, pour un excellent film de Richard Fleischer. Avant d'être romancier, Wambaugh fut policier à Los Angeles pendant plus de 15 ans, c'est dire si son livre est plus qu'un simple roman, c'est un véritable témoignage sur la condition et le dur métier de flic dans les grandes cités américaines ; parmi ses autres romans adaptés pour l'écran, on peut citer Bande de flics de Robert Aldrich en 1977, tous ses livres parlent des flics, de leur sacerdoce et de leurs désillusions, ce sera d'ailleurs l'objet d'une très bonne série TV des 70's, Police Story dont Wambaugh était co-producteur. De son côté, Stirling Silliphant est l'un des plus prestigieux scénaristes de son époque, on lui doit notamment le script de Dans la chaleur de la nuit.
Autant dire que ce film dispose de bons éléments, avec en plus un réalisateur comme Fleischer qui compte de belles réussites comme les Vikings ou Soleil vert... ce n'est donc pas un polar de plus, Fleischer livre une chronique sur les flics de patrouille à l'atmosphère très noire, sèchement filmée, remarquablement mise en scène et qui tient presque du documentaire. Le ton désabusé et amer, voire sa dureté surprennent, le réalisateur ne décrit pas des hommes invincibles, mais des flics vulnérables, faillibles, qui souffrent, se font blesser et meurent parfois sous les coups de criminels. C'est presque une apologie du flic, mais son image est trop malmenée, abimée pour être glorifiée, c'est juste une réflexion désespérée sur l'impossibilité d'être flic urbain, un constat sur une société nouvelle pour comprendre ce métier de flic où la violence, les rues sordides, les quartiers inhospitaliers, les personnages douteux ou agressifs composent le décor dans lequel il évolue à ses risques et périls.
Dans cet univers proche du cauchemar, la question que se posent les 2 héros est la suivante : peut-on encore être policier dans ce monde d'aujourd'hui ? Ces 2 personnages remarquablement incarnés par le duo Stacy Keach - George C. Scott ont ce problème qui est l'incompatibilité entre la théorie et la pratique, et les mutilations morales et physiques qui sont inguérissables. L'un a un sentiment d'inutilité lorsqu'il est mis à la retraite, l'autre boit pour oublier une erreur. Ce ton plein d'amertume mérite donc le détour, le film n'est pas si connu que ça, le reste du casting contient une flopée de seconds rôles tous très justes comme Clifton James, Scott Wilson, Ed Lauter, Jane Alexander, Rosalind Cash, James Sikking, William Atherton et le jeune Eric Estrada (future vedette de la série Chip's)... avec tous ces éléments, il s'inscrit parmi les polars typiques des années 70, son titre français s'avère aussi bien plus réaliste et moins équivoque que le titre américain.

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le 11 mars 2018

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Ugly

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