La guerre, l'amour, le Danube...
Mihail, un capitaine de péniche buveur et assez mal embouché, se retrouve réquisitionné par les Allemands pour remonter le Danube avec à son bord des armes et des munitions allemandes. Car le Danube est miné. A bord, sa jeune femme, deux soldats allemands assez nigauds et un ex-taulard, Toma. Ce dernier est en réalité un officier de l'armée de libération roumaine, qui doit donner signal aux partisans de prendre le convoi afin de mettre la main sur les armes. La brave péniche subit bien des péripéties. A la fin, Mihail meurt bravement dans un affrontement contre les schleus, mais il confie sa femme à Toma. Le film se clôt sur ce dernier paradant dans un bel uniforme après la libération de la ville.
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C'est un film qui a un charme indéniable, malgré des imperfections sur lesquels je vais passer rapidement. Les coupes sont parfois assez brutales, surtout au début. Les dialogues sont parfois un peu trop explicatifs. Les péripéties s'enchaînent à un drôle de rythme, et ce sont les poncifs du film de guerre. La musique à la Max Steiner (gamme montante quand un personnage monte un escalier, c'est toujours assez ridicule) est heureusement assez rare. Et il y a un ou deux plans qui n'ont rien d'académiques : dans au moins une séquence, la règle des 180 ° du champ-contre-champ est bafouée, et un audacieux plan à 360° tombe un peu "comme ça".
On sent aussi l'idéologie antinazie propre au film de partisans, un genre propre aux Balkans. Avec la traditionnelle scène où l'on tue du schleu à la chaîne.
Malgré tout cela, c'est un beau film, avec un noir et blanc à tomber par terre, avec des éclairages très étudiés, avec de belles scènes d'insouciance au bord du Danube, et des passages d'action souvent fort convaincants. C'est pour moi un film d'ambiance, un huis-clos sur une péniche ouvrant sur les eaux infinies du Danube, ici menaçant, car porteur de mines en son lit. Le film aurait peut-être gagné à avoir un peu plus d'humour, des personnages un peu plus truculents, un peu moins engoncés. Il porte tout de même un message sur l'engagement et le courage qui, c'est vrai, rappelle un peu "Casablanca".
Vu à la Cinémathèque, s. Jean Epstein. Les sous-titres français faisaient assez maladroits.