Le génie de Bergman se manifeste par bien des aspects et à travers presque tous ses films.
A chaque nouvelle expérience, une nouvelle facette de son talent insolent.
Dans ces fraises sauvages, deux exemples:

1) comment faire un film dont le sujet est un un vieux prof suédois de 78 ans revenant sur quelques moments de sa vie, alors qu'il va être décoré pour l'ensemble de sa carrière, et en faire un film universel, palpitant, dont les questionnements restent d'une acuité et d'une contemporaineté absolue plus d'un demi siècle plus tard ?
Les questions que se posent Isak sont nos questions, ses doutes sont les nôtres, tous ces petits bouts de vie, tous ces moments qui ont constitué une vie sont faits d'une étoffe qui ressemble à notre propre voyage.
Ici, la question est de comprendre ce qui fait qu'on devient un vieux con un peu froid et suffisant, incapable de relations véritable, bardé de certitudes qui sont autant de paravent contre la sincérité. Quelles sont les étapes, petit à petit, qui ont mené à ce désastre et est-il trop tard pour inverser la tendance ? Si vous ne trouvez pas ce genre de questionnement passionnant, nous n'avons plus grand chose nous dire, et je reprends seul mon cheminement vers l'état de vieux con bougon.

2) comment aborder, à travers une vie comme celle-là des thèmes aussi variés que la mort, dieu (merde, j'ai encore oublié la majuscule), l'amour, la vie de couple, le poids de la famille, de l'éducation, celui des souvenirs, et nombre d'autres thèmes forts sans être une seule fois pédant, empesé ou indigeste ? Chez n'importe quel réalisateur moyen, cela relèverait du tour de force. Chez Bergman, une habitude. La routine du génie, en quelque sorte.

La forme est au diapason: images somptueuses au noir et blanc divin, scène de rêves hypnotiques, souvenirs d'autant plus surprenants que le vieillard y reste vieux alors que replongé dans ses effluves d'enfance.

Reste Bibi Anderson.
J'hésite. Mérite-t-elle sa place dans ma liste des visages qui dégagent et des filles qui croustillent ? Claude Miller considère que Bergman est un des principaux cinéastes "à femme", dans la façon si singulière qui est la sienne de les montrer continuellement sublimes. Car Bibi, dans certaines scènes, est effectivement d'une beauté terrassante. Mais quelle est la part du talent de son metteur en scène dans cette constatation ?
Une fois ce débat (interne) tranché, je reviens vers vous.
guyness

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8

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