L'ancien gangster Eddie Rico s'est retiré avec la bénédiction de son parrain, Sid Kubik, qui doit la vie à la mère d’Eddie. Propriétaire d’une blanchisserie, il vit désormais honnêtement aux côtés de sa femme, Alice, avec laquelle il attend impatiemment un appel de l’orphelinat qui leur permettra d’adopter l’enfant dont ils rêvent. Mais c'est un autre coup de téléphone qui va remettre en cause sa tranquille existence. Eddie va devoir reprendre du service alors que ses deux frères sont recherchés par la police et que ses anciens patrons ne veulent pas prendre le risque de les voir arrêtés. Sid Kubik demande à Eddie de partir à la recherche de son plus jeune frère Johnny afin qu’il puisse être «expatrié» au Mexique...
Remarquablement interprétée, cette adaptation d’un «roman dur» de Georges Simenon est plus qu’honorable, malgré un final «moral» un peu trop édifiant qui ne figure pas dans le livre nettement plus pessimiste du romancier belge. On sait gré à Phil Karlson et à ses scénaristes (parmi lesquels Dalton Trumbo) de ne pas donner dans la complaisance et le «romantisme mafioso» grandiloquent que Coppola déploiera une douzaine d’années plus tard dans Le Parrain. Le fonctionnement de l’organisation, où la mort d’une homme se règle en deux coups de téléphone, est présenté ici avec une sécheresse de ton qui laisse la violence hors-champ pour mieux révéler une froideur inhumaine quasi-bureaucratique où chacun fait ce qu’il a à faire sans le moindre état d’âme. La famille, l’honneur, l’amitié ou autres clichés du genre: rien de tout ça ici, seuls comptent l’argent et le pouvoir et tous les moyens sont bons pour y parvenir. Une bonne part de l’action se déroule dans des chambres d’hôtel anonymes ou des aéroports ce qui renforce encore la froideur du propos et le «climat d’angoisse paranoïaque» justement relevé par Tavernier et Coursoudon dans leur notule sur Phil Karlson.