Cette histoire commence il y a fort longtemps.
Mais on n'est invité alors qu'elle a déjà bien commencé. Par une sombre nuit, alors qu'on recherche trois hommes, qu'on en tue sept, qu'une grange s'enflamme et que tous les chevaux meurent.
Une situation somme toute normale pour deux frères. Eli et Charlie. Des hommes de main du Commodore, deux hommes qui ont survécu au Far West, se sont taillé une sacré réputation de coriaces fils de pute. Les frères Sisters.
Tout le monde se cache pas quand on dit leur nom mais on leur laisse le bar, de l'espace et potentiellement on appelle des renforts. Il faut bien ça pour s'occuper de Charlie. Un putain de chien fou, alcoolique, violent et vicieux. Pas méchant et sadique, mais dangereux. Son ainé, Eli, commence à se faire plus vieux, si il a survécu à toutes ces années c'est pas en collectant des pâquerettes mais il est plus sensible, plus raisonnable, il pose d'avantage de questions, il s'en fait pour Charlie.
C'est donc un duo Phoenix/Reilly qui a de la gueule.
Et on lâche ces chiens couverts de cicatrices sur les traces d'un chercheur d'or innocent et idéaliste (Riz Ahmed), la piste étant indiqué par un détective (Gyllenhall) envoyé par le Commodore aussi.
Et tout ça n'est pas vraiment un Western, c'est dans un cadre de Western mais comme le dit Audiard lui-même on est d'avantage dans le conte en terme d'atmosphère et de tension. Il se dit d'avantage inspiré par La Nuit du Chasseur et Little Big Man que par les westerns plus classiques.
Tout cela nous amène à un rythme plus lent qui nous permet de faire changer nos personnages, hantés par leurs démons avec l'ombre perpétuelle du Père sur leurs épaules, que ce soit leur vrai père alcoolique et violent, la figure de leur employeur, le père fondateur en la personne de notre chercheur d'or ou le père du détective, figure haïe du passé.
Une photo magnifique, Desplat à la musique pour compléter cette poursuite/voyage entre San Francisco et l'Oregon.
On bouffe du pied plat, de l'araignée, de l'ours et des coups de revolver. On pleure dans la nuit et on plie des mouchoirs. On pense à l'or et à ce qu'on fera plus tard. Et on aime ça.