Jacques Audiard est un des rare réalisateur français à faire du cinéma de genre et surtout à bien le faire tout comme Gaspard Noé. Alors quand il fait un western, c'est sans compromis avec ses thématiques et son cinéma social tout en embrassant le genre établis et sans que l'un n’empiète sur l'autre.
- Il dirige son quatuor d'acteur de main de maître: Gyllenhall, Phoenix, Reilly et Ahmed sont justes, bons, touchants dans leur jeu, sachant allés dans l'excès quand il le faut et non vers un surjeu. Pouvant tout autant servir des scènes intimes que des gunflights, duels hargneux, des échanges de cowboys à l'ancienne et très très bien dialogué par ailleurs.
- Il fait venir Benoît Debbie le chef op de Noé, grand artisan de plan séquences magnifiés et amateur de couleurs vives créant des atmosphères de dingues qui nous prennent aux tripes. Alors certes exit les plans séquences dans le cadre du western mais il offre des plans d'une beauté qui subjugue tout du long. Les décors sont colorés, magnifiés, les nuits peuvent apportés de ce fait un aspect champêtre, les paysages, leurs grandeurs sont d'une beauté rarissime. Au niveau de la mise en scène c'est très classique et en caméra porté comme Audiard aime souvent le faire et Debbie aussi.
- Le film de ce fait apparaît classique et attendue. Pour autant c'est sur son histoire et ce qui s'en dégage que cela devient étonnant. Les frères Sisters nous raconte l'histoire de ces gars nommés ci-avant partant dans une chasse à l'homme avec en fond toute la période de la ruée vers l'or. L'ancien monde qui passe au nouveau, la société qui se construit, les mœurs changeantes, voilà ce dont nous parle le film tout du long, sans théoriser mais laissant ces personnages évolués dans ces conditions et ça marche tout naturellement. Tout s'enchaîne avec une cohérence plus que bienvenue en douceur ou avec dureté.
La base du cinéma d'Audiard est social, mais comme je le disais plus haut il embrasse le genre qu'il investit et fait un pur western. Qui plus est, il le fait solaire et non crépusculaire. Le film a beau être tendu sur beaucoup de scènes, il est éclairé, magnifié par la composition des plans de Benoît Debbie, l'humanisme touchant qu'Audiard accorde à ses personnages ainsi que le rapport à la famille et la question de l'héritage, les couleurs qui ressortent, les quelques moments d'humour...
Une surprise, un bon western qu'Audiard a réalisé avec maîtrise auquel il manque toutefois une émotion prégnante pour atteindre les plus grands ainsi qu'une musique plus adéquat et classique que le modernisme de celle d'Alexandre Desplat.
Pour autant ça reste un très bon western, un bon film, la preuve qu'il y'as des cinéastes français qui peuvent faire des films de genre avec maestria et il faut qu'ils continuent d'en faire...