Cette critique s'adresse exclusivement à ceux qui ont déjà eu la chance de voir Les Frissons de l’angoisse.

Helga Ulmann (Macha Méril) est une médium allemande qui, lors d'un congrès, prétend percevoir la présence inquiétante d'un meurtrier dans le public. À la fin de la conférence, de retour chez elle, la médium est sauvagement assassinée à l'aide d'un hachoir par un individu vêtu d'un mackintosh. Marc Daly (David Hemmings), un pianiste britannique qui habite dans le même immeuble, est témoin du meurtre alors qu’il discute avec son ami Carlo (Gabriele Lavia), il se précipite chez elle et tente de lui porter secours, mais il est déjà trop tard. Marc fait sa déposition aux enquêteurs, cependant, il reste troublé par un élément qui lui échappe, un potentiel tableau aurait disparu, peut être le fruit de son imagination après l’horreur de ce qu’il a vu. Têtu et intrigué, il rencontre Gianna Brezzi (Daria Nicolodi) une pétillante journaliste présente dès les premières constatations sur la scène de crime, rapidement, ils forment un ménage quelque peu loquace et s’unissent pour résoudre l’enquête. Au péril de leurs vies, se sachant menacés, Marc et Gianna savent pertinemment que le tueur à un coup d’avance sur eux systématiquement.

David Hemmings on le retrouve évidemment après le beaucoup trop surestimé: Blow Up d’Antonioni. Gabriele Lavia lui est excellent, on le retrouvera plus tard dans Zeder de Pupi Avati et dans lequel il portera à lui seul ce giallo presque médiocre.

Malgré le mythe, Les Frissons de l’angoisse est un film bourré d’imperfections représentées notamment par les scènes à l'eau de rose totalement absurdes auxquelles on est censé rire comme celle du coup de téléphone de Marc à Gianna, lui enveloppé dans les vapeurs de la machine à café du bar et elle dans le vacarme du bureau de son journal, des scènes comme celles-ci manquent totalement de fluidité et sonnent complètement fausses, il faut le reconnaître, c’est là que le bât blesse pour Dario Argento : les dialogues, ce n’est vraiment pas le domaine qu’il maîtrise le mieux du moins dans ce film précisément.

À part ça ce qui est fort appréciable dans Les Frissons de l’angoisse, c’est que tout s’enchaîne efficacement lorsque Dario Argento va enfin se décider à laisser tomber la touche comique et va faire ce qui sait faire de mieux : nous plonger résolument dans l’horreur et le suspens avec l'entrée de Marc dans la mystérieuse villa abandonnée, dans celle-ci, il va y découvrir un dessin troublant représentant explicitement un assassinat et pour couronner le tout un cadavre momifié qui reposait dans une chambre emmurée depuis des lustres, de biens drôles de découvertes pour notre pianiste enquêteur.

Alors qu’on s’approche vers la fin du film, on retrouve nos deux héros au lycée, la nuit, histoire de nous faire frémir une fois encore, le twist est quelque peu décevant : Marc découvre que le dessin de la villa est l'œuvre de Carlo et représente l’assassinat de son père par sa mère un soir de Noël. Les deux hommes se retrouvent face à face, mais l'intervention de la police décidément toujours à la bourre met Carlo en fuite, et il est renversé par un camion poubelle et traîné dans les rues de la ville comme les cow-boys traînaient les bandits attachés à leurs chevaux, sa mort est d’autant plus atroce que déjà presque inconscient sa tête finie écrabouillée par un automobiliste bien trop inattentif par une heure si tardive.

À ce stade, on est en droit de se demander comment l’un des giallo aussi célèbres que Les Frissons de l’angoisse peut-il avoir un rebondissement aussi décevant ? La réponse est qu'il y en a deux : et c’est ça qui est remarquable. Marc repense au meurtre de la pauvre Helga et se rend compte que Carlo ne peut pas être le meurtrier, puisqu'ils étaient ensemble à ce moment-là rappelez vous. Puis il retourne à l'appartement de sa défunte voisine et se rend compte qu'en réalité aucun tableau n'a disparu : ce qu'il a vu est en fait un miroir reflétant furtivement le visage du meurtrier en l’occurrence celui de Marta (Clara Calamai) la mère de Carlo qui n’était que le complice de celle-ci. C’est un twist magistral, un coup de génie d’Argento, un coup de poker qui commence en fait dès la vingtième minute du film.

Cependant ce visage qui l'a remarqué ? Qui l'a reconnu quand le personnage est entré en scène ensuite ? Personne, car notre esprit aussi large et débordant d’imagination, n’a pas jugé nécessaire de mémoriser ce détail pourtant prépondérant, cette feinte dans laquelle nous avons tous mordu, on la doit à la maîtrise indéniable d’Argento dans ce qu’est la mise en scène.

La musique vient graver un peu plus Les Frissons de l’Angoisse au rang de giallo di tutti gialli. On a un mélange d’orgues funéraires dont le lien avec l'aspect horrifique est évident, et des synthétiseurs tourbillonnants qui créaient une atmosphère doublée d’angoisse à chaque fois que l’assassin se présente à sa victime.

En résumé, c’est incontestable de par son intrigue d’exception Les Frissons de l’Angoisse s’inscrit comme une référence évidente du giallo, son but initial étant de créer une atmosphère troublante dopé d’adrénaline. Dario Argento l’a stylisée de manière renversante et très cohérente. Il vous faut avoir vu Les Frissons de l’Angoisse au moins une fois dans votre vie.

dima78
8

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le 4 mai 2024

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