"The Boys in the Band" est un film important à plus d'un titre. Même encore aujourd'hui. Parce qu'il parle ouvertement d'homosexualité au début des années 70. Il ne fait pas qu'en parler, il traite du sujet avec une profondeur et une acuité qui encore aujourd'hui impressionne. Parce qu'il présente une gallerie de personnages presque intégralement gays. Parce qu'il présente toute une variété de profils et montre ainsi la diversité de la communauté gays. Et enfin parce que les personnages se qualifient de "folle" ou de "pédé" sans que ce soit forcément une insulte...


Mais le film de Friedkin, adapté d'une pièce de théâtre de Mart Crowley qui reprend le même scénario (et probablement les mêmes lignes de dialogues, ça se sent) et les mêmes acteurs, est surtout un film plein de ressentiment. On ira pas jusqu'à parler de haine (encore que... on en est parfois pas loin) mais The Boys in the Band est un film sur des gens qui se détestent. Entre eux et eux mêmes. Si le synopsis explique que la fête vire peu à peu à l'aigre, en réalité la colère et la détestation sont déjà présents dès le début, elle va juste s'intensifier au fur et à mesure, la remarque homophobe du seul personnage hétéro (?) de la fête en étant le déclencheur.


De l'aveu même de Mart Crowley, la pièce a été écrite alors qu'il était en pleine dépression et on va pas se mentir, ça se sent. On sent que le scénario est personnel, on y parle du regard des autres, de l'infidélité, de la religion, de l'image de soi, de l'acceptation de son homosexualité... Le film passe en revue les préocupations propres à la communauté LGBT de l'époque... préoccupations qui restent finalement toujours d'actualité, en mélangeant drame et comédie. Et les deux aspects sont aussi réussis l'un que l'autre, la comédie grâce à une gallerie de personnages savoureux (le calme et l'ironie de Harold sont tout aussi délicieux que l'exubérance d'Emory) et le drame grâce à une analyse extrêmement pertinente de ses sujets. C'est d'ailleurs assez fou de constater que même 50 ans plus tard, le film reste d'une grande modernité et n'a pas beaucoup vieilli.

Un grand film LGBT. Un grand film tout court.


DocteurBenway
10
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le 6 févr. 2024

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DocteurBenway

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