Le film révèle surtout une magnifique actrice : Iris Bry, d'une beauté à couper le souffle, notamment dans une scène où on la voit faire sa toilette, accroupie dans une bassine. Elle vole la vedette à Nathalie Baye (pourtant excellente dans un rôle un brin caricatural) et à la belle Laura Smet, plus en retrait mais qui, elle aussi, fait une prestation de qualité, tout en nuances. Les trois, plus quelques autres, forment un bel échantillon de ces femmes qui, dans la France essentiellement rurale du début du XXème siècle, ont gardé et fait tourner les fermes de nos campagnes en l'absence de leurs hommes tous partis au Front (de la Guerre 14-18), effectuant à leur place les travaux les plus durs, comme labourer, sortir le fumier des étables ou l'épandre dans les champs, moissonner, battre et récolter le grain, couper le bois de chauffe... Cela, en plus de tous ceux qui leur étaient à elles normalement dévolus (cuisiner, laver et réparer les vêtements, nourrir et traire les vaches, vendre le lait, faire le beurre, gérer poules et lapins, ramasser les oeufs, faire les comptes, etc.).
Malgré un rythme languissant, le film, qui fait en 134 minutes la chronique non seulement laborieuse mais sentimentale de cinq dures années (1914-1919), est plutôt pas mal, superbement photographié qu'il est par Caroline Champetier.
Malheureusement, sans doute trop fidèle au roman d'Ernest Pérochon, roman empreint d'une vision vieillie de la société et de ses classes, la dernière demi-heure est, scénaristiquement parlant, à chier... même si l'ultime scène du métrage tente d'arranger un peu les bidons. Dommage !