Les productions Marvel ont beau se multiplier et l’univers ne cesser de se ramifier au fil d’opus annoncés comme novateurs, rares sont les chapitres qui créent une véritable attente. Les Gardiens de la Galaxie, qui étaient enfin parvenus à redonner un souffle à la franchise en 2014, en faisaient indéniablement partie. Restait à négocier ce cap laborieux du deuxième volet, où la surprise de l’exposition s’évente et les risques de la surenchère stérile sont légions.
L’équipée n’a pas perdu de son mordant. L’humour semble, au moins dans sa première partie, la motivation principale, servie par une mise en scène tonique et groovy. La scène d’ouverture, maline et fédératrice, donne un ton qu’on aurait adoré filé sur l’ensemble du film : faire de la scène d’action éculée un arrière-plan d’une danse candide de Baby Groot est une excellente idée, non seulement pour l’aspect comique, mais aussi pour les distances prises avec le cahier des charges indéboulonnable du blockbuster.
Cette vivacité joyeusement régressive reviendra à quelques reprises. Les pièges tendus par Rocket dans la forêt face aux mercenaires, séquence qui lorgne allègrement avec l’univers des cartoons, et la superbe vengeance de Yondu dans son propre vaisseau, occasionnant un ballet graphique de sa flèche lumineuse doublé d’un duo avec le raton et sa gâchette.
On aurait aimé s’en tenir à ces morceaux de bravoure, mais il fallait, apparemment, bien raconter une histoire, dans laquelle les deux mamelles de la MCU se balancent avec la nonchalance d’un éléphant : destruction du monde et famille.
La gradation des séquences d’action en dit long sur le les erreurs fréquemment commises par le blockbuster : plus gros, plus grand, plus cosmique, moins incarné, bruyant et vain. S’invite donc ici un personnage de père/planète, qui non content d’être omnipotent, se pique d’architecture avec les goûts d’un beauf. Tout cela est très laid, et rappelle les heures rutilantes de l’univers de Thor, ce kitsch pixellisé à vous irriter la rétine, au fil de séquences dont on peut légitimement questionner l’intérêt. Cette manière d’illustrer son récit par des figurines de plastique est ainsi d’une laideur et d’une inefficacité assez redoutables. Et ce ne sont pas des caméos tout sauf surprenants ou des déformations visuelles atroces (bonjour Les Visiteurs et les pires heures de l’Age de Glace) qui viendront nous tirer d’affaire.
Puisqu’il faut faire de cet arc familial une préoccupation collective, James Gunn s’emploie à déployer méthodiquement ladite question sur l’ensemble de son équipage : je demande la sœur, le père, le père adoptif, les frères de sang, la future épouse, merci d’être passé, on vous en remettra bien une demi-douzaine pour un chiffre rond.
En résulte un film trop long, plombé par un ventre mou on ne peut plus dispensable, et qui va laborieusement reconquérir, dans quelques séquences, les voies du fun. La façon dont on se préoccupe de bande adhésive et d’un détonateur réconcilie ainsi un moment avec l’esprit général de la saga.
Il existe plusieurs types de lourdeurs : celle d’un humour qui ne fonctionne pas toujours, et celle d’un pathos qui encombre souvent. On aurait préféré que Les Gardiens se contentent de la première, qui reste leur indéniable marque de fabrique.
(6.5/10)