« L'altruisme est la plus grande forme d'égoïsme »
« L'altruisme est la plus grande forme d'égoïsme ». C'est cette idée affreuse (que j'ai pourtant malheureusement tendance à partager, du moins parfois) que se charge de mettre en scène Ivano de Matteo. Le film « se paye » donc violemment la (nouvelle) bourgeoisie (italienne) de gauche. Profiter de la vacuité des vacances pour recueillir une jeune prostituée ukrainienne, comme d'autres envoient quelques SMS pour l'Afrique. L'absence totale de jeu de la comédienne signifie d'ailleurs bien qu'elle n'est qu'un support, une poupée salvatrice pour jouer « les gens bien ». Mais voilà que le fils de la famille fricote avec. Rien ne va plus. Quand la poupée se réveille, s'anime et commence à peine à s'affranchir de sa condition, à se mêler avec ses bienfaiteurs, elle est remise « à sa place ».
Le film est assez réussit. La photographie (les passages de l'obscurité à la lumière en particulier) est bien maîtrisée. Pour autant, il ne nous apprend finalement pas grand-chose. L'hypocrisie qui accompagne souvent « l'engagement » politique n'est plus à démontrer. Simplement, plutôt que de la dénoncer et de marginaliser ses acteurs, peut-être serait-il plus pertinent (et surtout optimiste) d'exposer la quête de résolution de ses contradictions. Je le disais, j'ai moi-même peur d'adopter parfois ce point de vue. Car tout ce qui reste alors à faire c'est de ne pas bouger et de vivre décomplexé (terme qu'on entend de plus en plus...). Non, ce qu'il faut dire c'est que ce n'est certes jamais facile de s'engager et d'assumer ses positions, que l'on se confronte alors à soi-même, à ses a priori, que l'on est poussé dans ses retranchements. Mais ce n'est peut-être que par nos actions exceptionnelles (et éventuellement d'abord contradictoires), que l'on se forme une règle et bientôt une éthique. Si l'on a peur d'être incohérent, on ne laissera jamais que sa place à un vieux dans un bus.