Varda, Varda, Varda. Quand Varda s'intéresse aux autres et à leurs pratiques, elle organise d'une certaine candeur un autoportrait et se permet de faire quelques analogies poétiques capillotractées pour un rendu qui ne l'est pas moins.

Il y a un intérêt à regarder ses rides comme à filmer les glaneurs, c'est certain. Mais ces analogies me paraissent-elles justes ? J'en doute. J'ai le sentiment que le propos de Varda est humaniste, d'un humanisme chamallow, qui consiste à dire "nous sommes tous des glaneurs - en devenir pour ceux qui ne le sont pas encore". Elle ne s'épargne pas, c'est certain, mais j'ai trouvé cela maladroit et faussement poétique. Elle aurait même très bien pu ne rien dire et nous aurions senti son intention comme nous pouvons le sentir chez Depardon ou chez Carles. Sa manière de percevoir son projet n'est pas juste artistiquement et ce n'est pas juste pour nous, en tant que spectateurs qui avons un travail critique au trois-quart pré-mâché.

Dans son film, il y a tant à exploiter, à expliciter tandis que d'autres passages ne sont pas nécessaires.

Ce documentaire est une grande chose et a un parti pris qui tient à l'écart le misérabilisme - enfin, cet appel d'air sur la conviction, j'appelle cela de l'inconscience politique. Varda fait de l'inconscience politique.

Varda, Varda, Varda, insatiable de naïveté. Elle aura pourtant mis au goût du jour un acte lourd de sens, un acte polysémique. Ainsi "glaner" raccroche son wagon à l'Histoire et ce documentaire a son intérêt ici.
Toutefois, elle ne m'ôtera pas de l'idée que "glaner" n'est pas un acte anodin ou ordinaire et que
si Varda, Varda, Varda filme d'un ton sincère et plein de gentillesse subjective les vitrines d'art contemporain,
si elle ou certaines personnes ne trouvent ni une humiliation ni un danger d'exercer une activité de la marginalité,
il reste intolérable d'accepter, de s'adapter à la misère lorsqu'elle point - misère choisie ou subie (et d'ailleurs quel genre d'individu dégénéré choisirait de vivre dans le dénuement sans un contexte propice ?)

Ce que je veux dire c'est que je ne suis pas d'accord pour dire que glaner est une norme. Demandons à n'importe qui voir si il est prêt à fouiller dans les détritus. Cela revient à passer après les autres... Bien que je considère aussi qu'il s'agit d'une deuxième vie pour les aliments et objets. Mais cela reste une réutilisation, tout comme le film est une réutilisation d'un métier qui a connu une large transformation du fait de la richesse du pays : les chiffonniers.
De toute manière, on touche à la misère, on ne peut pas ne pas en parler. Varda en a parlé... mais d'une manière !

Ce qui est significatif avec Varda, c'est qu'elle a filmé des cas plus ou moins pauvres avec une vision indifférenciée. Je trouve ça... si injuste, d'une nostalgie inappropriée et amoureuse, peu matérialiste en fait... et, comme le principe de la poésie est la justice des mots, je n'ai pas aimé sa poésie tout en pensant que c'était un sujet intéressant dans un cinéma qui ne l'est pas moins.
Andy-Capet
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le 12 nov. 2012

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le 13 déc. 2012

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