Une belle utopie
Je suis sorti mitigé et circonspect de la salle. François Foucault, professeur de lettres au très prestigieux lycée parisien Henry IV se retrouve malgré lui et par sa faute et ses belles théories,...
Par
le 9 nov. 2022
14 j'aime
5
La réussite des Grands esprits tient à l’extrême justesse avec laquelle il aborde le milieu scolaire, se saisissant d’un personnage principal à la fois extérieur à l’établissement – puisqu’il quitte le cinquième arrondissement de Paris pour la banlieue – et doté d’un savoir-faire, d’une expérience en matière d’enseignement. C’est cette position instable qui fascine dans la mesure où nous assistons aux secousses endurées par un intouchable ou prétendu intouchable, celui qui se plaisait à humilier, à rabaisser, à décourager.
L’ensemble du long métrage d’Olivier Ayache-Vidal se construit comme un miroir réfléchissant jusqu’à les rassembler les images du professeur et de l’élève, tous deux réunis enfin sur le banc lors de la fête de l’école et partageant un même statut – malheureux en amour. Pour y parvenir, le réalisateur joue sur les contrastes qu’il accentue de plus en plus : Seydou visite le château de Versailles, bastion de la connaissance et du savoir, François se rend dans la cité où vivent Seydou et sa tante ; les deux visites provoquent des incidents qui raccordent les personnages à leur position de marginalité au sein d’un espace culturel qui ne veut pas d’eux. Seule l’école apparaît comme le lieu d’un partage véritable puisqu’axé sur la confrontation, presque au corps à corps, entre deux milieux, deux trajectoires qui tentent de s’harmoniser avec en points de contact le savoir et sa transmission.
Deux excellents acteurs confèrent au film authenticité et chaleur : le jeune Abdoulaye Diallo est aussi amusant que touchant, Denis Podalydès incarne à la perfection ce professeur de français contraint de tenir parole, de mener à bien son engagement en le déplaçant depuis le terrain de la parole et des grands discours vers celui de la salle de classe, concrétisation qui révèle en creux les dysfonctionnements du système scolaire contemporain. Une œuvre immense, une réussite totale.
Créée
le 4 août 2020
Critique lue 410 fois
8 j'aime
4 commentaires
D'autres avis sur Les Grands Esprits
Je suis sorti mitigé et circonspect de la salle. François Foucault, professeur de lettres au très prestigieux lycée parisien Henry IV se retrouve malgré lui et par sa faute et ses belles théories,...
Par
le 9 nov. 2022
14 j'aime
5
Au moins "Les grands esprits" n'est-il pas tout à fait la comédie feel good attendue, célébrant le mélange de classes sociales et l'apprentissage de nos différences, à travers la réussite d'un seul...
Par
le 14 mai 2023
9 j'aime
La réussite des Grands esprits tient à l’extrême justesse avec laquelle il aborde le milieu scolaire, se saisissant d’un personnage principal à la fois extérieur à l’établissement – puisqu’il quitte...
le 4 août 2020
8 j'aime
4
Du même critique
Nous ne cessons de nous demander, deux heures durant, pour quel public Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu a été réalisé. Trop woke pour les Gaulois, trop gaulois pour les wokes, leurs aventures...
le 1 févr. 2023
127 j'aime
9
Il est une scène dans le sixième épisode où Maeve retrouve le pull de son ami Otis et le respire tendrement ; nous, spectateurs, savons qu’il s’agit du pull d’Otis prêté quelques minutes plus tôt ;...
le 19 janv. 2019
89 j'aime
17
Ça : Chapitre 2 se heurte à trois écueils qui l’empêchent d’atteindre la puissance traumatique espérée. Le premier dommage réside dans le refus de voir ses protagonistes principaux grandir, au point...
le 11 sept. 2019
78 j'aime
14