Après La Veuve Couderc, je revois donc Les Granges Brûlées, soit l'autre grande confrontation avec les deux monstres Delon et Signoret, deux films qui ont laissé une vive empreinte dans ma cinéphilie d'enfant. J'aime beaucoup les deux films, mais je ne me souvenais pas qu'ils étaient en fait si différent. Celui-ci est vraiment passionnant, presqu'un un Melville campagnard, dans la façon qu'il a de confrontrer ses deux personnages. Elle est la propriétaire d'une ferme, où vivent et travaillent ses enfants et leurs familles. Dans la neige épaisse de l'hiver, on retrouve une nuit le corps d'une femme assassinée. Lui, Delon, impérial de calme et de flegme, est le procureur général chargé de l'enquête. Il est persuadé dès le départ que l'un des enfants de cette femme est responsable de ce meurtre. Il ne va jamais perdre cette conviction, même s'il n'en a jamais la preuve. Il y a quelque chose d'une tragédie grecque dans cet affrontement stoïque et quasi immobile de ces deux personnages, chacun campé dans leurs convictions. Quelque part entre la tragédie grecque et le western statique, dans la neige paysanne.